Publié le 06-05-2025

Tunisiens en danger : le bruit tue silencieusement

Une étude menée en 2022 par l’Agence nationale d’évaluation des risques, rattachée au ministère de la Santé, met en lumière un constat préoccupant : 68 % des Tunisiens écoutent de la musique à un volume excessif, bien au-delà des niveaux recommandés pour préserver l’audition. 



Tunisiens en danger : le bruit tue silencieusement

Présentée ce mardi lors d’un forum national sur les effets sanitaires du bruit, cette enquête révèle une méconnaissance généralisée des dangers liés à l’exposition sonore, en particulier chez les jeunes âgés de 16 à 19 ans, dont beaucoup écoutent de la musique entre 1 et 5 heures par jour, voire dorment avec leurs écouteurs. Selon Monder Mansour, sous-directeur de l’agence, près de 46 % des personnes interrogées ne considèrent pas le bruit comme un risque sérieux pour la santé, et seuls 9 % consultent un professionnel pour contrôler leur audition.

Par ailleurs, plus de 92 % reconnaissent un manque d’information concernant les effets du bruit sur leur bien-être.

Malgré cette méconnaissance, 38 % des répondants ont exprimé le besoin d’être mieux informés sur les risques auditifs et les méthodes de prévention.

Zahra Jemali, directrice générale de l’agence, a rappelé que les effets du bruit dépassent largement la perte auditive.

Ils incluent des conséquences sur la santé mentale, le système nerveux et cardiovasculaire, insistant sur la nécessité d’une campagne de sensibilisation, notamment auprès des enfants et nourrissons, afin de favoriser le dépistage précoce et de prévenir les handicaps auditifs.

À cet égard, elle a exhorté les mères à suivre de près le développement auditif de leurs enfants et à effectuer des consultations régulières auprès de spécialistes. De son côté, Thamer Tokabri, directeur à la direction générale de la promotion des personnes handicapées, a indiqué que 434 000 Tunisiens sont enregistrés comme porteurs de handicap, dont 38 000 souffrent de déficience auditive.

Ces enfants bénéficient de soins gratuits, d’un accès à plus de 40 centres spécialisés, ainsi que de programmes de rééducation et d’intégration scolaire. Le ministère prévoit aussi une mise à jour du cadre légal, avec l’intégration de technologies auditives avancées.

Enfin, l’agence a rappelé que les nuisances sonores ne proviennent pas uniquement des habitudes personnelles : trafic aérien, chantiers, embouteillages sont autant de sources externes de bruit nuisible qui impactent la santé des citoyens au quotidien. Ce tableau met en évidence l’urgence d’une prise de conscience nationale sur l’exposition au bruit, devenue un enjeu majeur de santé publique.



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