Publié le 06-03-2018

Hiwar - 22 Mai 2010 - Violon Bleu

Le vernissage de l’exposition « Hiwar » aura lieu le 22 mai, 2010 à partir de 18h00 à la galerie le Violon Bleu de Sidi Bou Said et se poursuivra jusqu’au 15 juin.



Hiwar - 22 Mai 2010 - Violon Bleu

A l'ère de la communication globale certains dialogues ont été brisés : Est ce à cause de la différence de nos récits, de nos souffrances ou de nos propos ? Comment pourrions nous restituer cette fissure ? Cette exposition intitulée Hiwar n’est pas là pour tenter de rétablir le dialogue des cultures, mais pour essayer de libérer ce mot de sa carapace et dire qu’il s’agit d’une fissure et non d’une cassure.
 
L’évènement rassemble des artistes de diverses origines et les invite à dévoiler un dialogue par la voie de différents médiums, comme la vidéo, la photo, l’installation, la peinture et la performance. Dés lors, le rideau se lève sur le discours des pouvoirs et celui de la guerre. Et par opposition, d’autres œuvres murmurent les paroles de l’amour qui tentent de restituer les ponts brisés. Enfin, certains artistes ont choisi de révéler un message qui provoque l’incompréhension chez l’autre et approfondit la plaie de la communication. En découvrant l’exposition nous sommes interpellés par les bruits et les images des dialogues qui émanent de différents territoires, de l’Egypte, à l’Iraq en passant par la Tunisie.
 
 
D’origine iraquienne, Sama Alshaibi et Dena Al-Adeeb, crient leurs récits en mémoire de la ville de Bagdad. Leur projet de collaboration intitulé Baghdadi Mem/Wars dénonce le déracinement à leur terre d’origine et souligne la complexité de leurs trajectoires migratoires. Elles émettent un dialogue corporel, intellectuel et affectif qui renvoie à la révolte, à la résignation et à la survie. La voix de la Mésopotamie est élevée par l’artiste iraquien Adel Abidin. Celui-ci répond à la thématique de l’exposition à travers une vidéo/installation, intitulée Ping-Pong : L’approche de son œuvre dans son univers très singulier dévoile un langage teinté d’humour et d’ironie. L’artiste nous raconte une histoire mais ne nous divulgue pas la totalité de son contenu : En effet, il détourne les codes, les camoufle, ou les crie dans un silence assourdissant….Et il convie le spectateur à déceler la trame de ce silence. Son œuvre nous révèle un dialogue des puissances qui conduit aux guerres territoriales et culturelles ; la résultante de ce conflit est une victime symbolisée par une surprenante créature féminine, dévêtue et placée au milieu de la table de jeu : « Pour moi cette femme incarne la beauté et la fragilité tout comme la ville de Bagdad ».
 
 
Parole est donnée à l’Egypte, représentée par Moataz Nasr et Mohamad Allam. Le besoin d’appartenir à un contexte géopolitique et culturel spécifique et la volonté de maintenir une forte attache avec ses origines, sont des sujets fondamentaux dans le travail de Moataz Nasr. Avec lyrisme et lucidité, son art explore des thémes comme la condition humaine, les jeux de pouvoirs et les relations entre la classe bourgoise et populaire. A travers sa vidéo intitulée Pére et Fils, l’artiste nous plonge dans un univers intime. En effet, l’oeuvre donne à voir une confrontation entre l’artiste et son pére et met en regard les failles de la relation entre ses parents. Moataz Nasr recherche la réconciliation et tente de créer un pont de compréhension. Oeuvre trés intime et personnelle, il propose une réfléxion sur les conflits familiaux dans une société patriarcale. Par ailleurs, cette vidéo rend aussi hommage à sa mére, à laquelle il s’adresse comme la femme qui a été privée de l’affection conjugale.
 
 
La dynamique du dialogue du couple se poursuit à travers l’installation de Mohamad Allam. La démarche du jeune artiste égyptien est enracinée dans des composantes sociales et politiques traitées avec ironie et subtilité. Son oeuvre est basée sur l’observation de la culture des jeunes couples qui peuplent les bords du Nil. La bande sonore qui accompagne l’installation trahit les propos intimes échangés entre un homme et sa fiancée.
 
 
De l’Égypte vers la Tunisie, les invités de cette exposition sont Dora Dhouib, Meriam Bouderbala et Nadia Kaabi Linke. Dora Dhouib dont le travail est basé sur un questionnement de la société sur son quotidien et son devenir, présente une installation en néon qui nous parle de « l’incompréhension de la signification des croyances de l’étranger ». Son œuvre instaure un dialogue illusoire : « On tente de se parler sans se comprendre dans un dialogue de sourds ». L’art de Dora provoque pour tenter d’endiguer le choc culturel engendré par cette incompréhension.
Dans la même lignée de ce « dialogue impossible » Meriam Bouderbala approche ce sujet à travers son installation « Topos ». L’artiste brode son art avec les fils de sa double culture tunisienne et française et sillonne des chemins pour trouver le sien : « Je viens de chemins qui se sont croisés sur d’autres territoires, aucun ne m’appartient, aucun ne m’attend »… Meriam dénonce un dialogue personnel et considère que la diversité de nos idiomes et de nos récits ont rendu le dialogue impossible. Faut-il concevoir une culture universelle pour rompre avec cette incompréhension ? Enfin, Nadia Kaabi Linke intervient dans cette exposition avec sa peinture intitulée « Rue Abderrahman Ben Mami ». L’œuvre est ancrée dans des constellations de contextes culturels et historiques.
 
 
A travers sa démarche l’artiste nous véhicule les confessions de la médina de Tunis. Celles-ci montrent que si nous ne pouvons pas crier nos souffrances et exprimer nos idées, nous les confions aux murs de la ville, qui deviennent les écrins de nos secrets. Le dialogue devient alors intelligible.
 
 
Cette mise à nu de toutes ces formes de dialogue devrait pousser le spectateur à réfléchir sur le sujet de la communication.
 

 

Khadija Hamdi

 

Légendes des oeuvres

Sama Alshaibi et Dena al-Adeeb

Baghdad Mem/Wars
Série de trois vidéos, Still/Chaos, Efface/Remains, Absence/Presence
7min.45
Edition 3/5 (Efface/Remains, Absence/Presence)
Edition 4/5 (Still/Chaos)
(2010)
 
Moataz Nasr
Père et fils
14min
Vidéo
Edition 4/5
(2004)

 

 


expo-100510-2.jpg expo-100510-3.jpg

Dans la même catégorie