Publié le 06-03-2018

L'indepenance de la Tunisie



L'indepenance de la Tunisie

De l’autonomie interne à l’indépendance totale. Le tournant politique (13 juin – 31 juillet 1954)

Le départ de Joseph Laniel et son remplacement, à la tête du gouvernement français, par Mendès France ont marqué un tournant politique. Dès son accession au pouvoir, le nouveau président du Conseil s’est concentré sur le dossier indochinois. Des négociations sont entreprises avec les parties concernées, à Genève, l’objectif fixé par Mendès France étant de les faire aboutir, dans un délai ne dépassant pas le 20 juillet, à la conclusion des accords mettant fin au conflit.

Le 31 juillet 1954, le Président du Conseil français, M. Pierre Mendès France, annonçant au Bey la reconnaissance par la France de l’Autonomie interne de la Tunisie

Après quoi, l’intérêt du gouvernement français s’est porté sur l’affaire tunisienne.

La chute du gouvernement de Mohamed Salah Mzali, en Tunisie (16 juin 1954), loin d’apaiser la lutte nationale, n’a fait que l’engager dans une grave escalade. Entrée dans son dernier quart d’heure, la résistance tunisienne, forte de ses capacités d’adaptation aux exigences de l’époque et aux conditions de la confrontation avec l’armée régulière et l’appareil terroriste de « la Main rouge », outre, bien entendu, la force propre dont elle disposait, a su s’imposer sur la scène par le renforcement de l’action politique et la préparation des conditions propices à l’ouverture d’un dialogue efficace, pour la reconnaissance de la souveraineté tunisienne ».
La reconnaissance de l’autonomie interne (31 juillet 1954)

Le projet de Mendès France, concernant la Tunisie, est présenté au Conseil des ministres le 30 juillet 1954. Le communiqué publié à l’issue de la réunion fait état de la décision du gouvernement français de « donner un nouveau souffle aux relations tuniso-françaises », sans pour autant révéler le contenu du projet, par crainte de susciter une réaction défavorable de la part de la communauté française en Tunisie et de ses partisans en France et en Algérie.

Le 31 juillet 1954, Mendès France se rendait, en secret, en visite impromptue à Tunis, à la tête d’une importante délégation, et annonçait, dans un discours officiel devant le Bey à Carthage, l’octroi de l’autonomie interne à la Tunisie.

Réuni le 3 août 1954 à Genève, le Bureau Politique du Néo-Destour décide de participer au gouvernement de négociation.

Accession à l'indépendance
Les négociations tuniso-françaises (4 septembre 1954-22 avril 1955)


Ouvertes le 4 septembre 1954 à Tunis, les négociations tuniso-françaises devaient reprendre à Paris, le 13 du même mois. De sérieuses divergences y sont apparues, concernant le contenu de l’autonomie interne et les délais de passation des pouvoirs.

Obtempérant aux instructions de la direction du mouvement national, les résistants s’étaient éloignés des villes et des régions côtières du pays, afin d’éviter d’éventuels affrontements. Mais cela n’a pas empêché les forces françaises de continuer à les pourchasser, ce qui a entraîné la poursuite des combats durant les mois d’octobre et de novembre 1954.

Alors que le gouvernement tunisien réclamait une trêve, le gouvernement français exigeait de la délégation tunisienne aux négociations de persuader les résistants de descendre du maquis et de rendre leurs armes, estimant que la poursuite de la lutte armée était incompatible avec la participation du Parti du Néo-Destour au gouvernement de négociation.

Cette revendication ayant été satisfaite, le 20 novembre 1954, la voie fut ouverte à la poursuite des pourparlers qui, après s’être heurtés à quelques difficultés, ont fini par dépasser la question des principes pour en venir à celle des échéances. Le 31 janvier 1955, Mendès France rejoint le groupe des négociateurs, pour tenter de parvenir à un résultat décisif avant la tenue de la séance parlementaire qui devait être, consacrée à la discussion de la politique tunisienne du président du Conseil français.

Mais le gouvernement de Mendès France dût faire face à de violentes critiques de la part de la droite colonialiste (3-5 février), ce qui a provoqué sa chute, le 5 février 1955.

Après l’accession d’Edgar Faure à la présidence du Conseil, le 23 février, les négociations tuniso-françaises ont repris le 15 mars pour aboutir, le 3 juin 1955, à la signature des accords portant sur l’autonomie interne.
Les accords, objet de discorde entre les directions daltoïdiennes

A la suite de la signature des accords sur l’autonomie interne, la Tunisie a vécu une période de grave sédition, qui s’est déclenchée précisément à propos de ces accords et qui a opposé la direction du mouvement national à l’intérieur du pays et ses représentants à l’étranger, dont notamment le secrétaire général du Néo-Destour, Salah Ben Youssef. Les divergences entre les deux tendances tenaient à ce que la direction interne prenait en considération les conditions de la confrontation avec les forces françaises et la réalité telle qu’elle se présentait sur le terrain, ainsi que l’évolution de la politique de la France, tandis que le Secrétaire général du Parti et certains des responsables de ses bureaux à l’étranger évaluaient la situation à la lumière de l’émergence du mouvement afro-asiatique, de l’apparition du pôle nassérien et de l’intérêt accru suscité, dans le monde arabe, pour la cause tunisienne.

Dans une confrontation sans merci, les partisans de Bourguiba et ceux de Ben Youssef, les « bourguibistes » et les « youssefistes » multipliaient, chaque partie de son côté, les meetings populaires pour dénoncer et battre en brèche la position de la partie adverse.

Réuni le 8 octobre 1955, sous la présidence du leader Habib Bourguiba, le Bureau Politique du Néo-Destour décide de tenir le congrès du Parti le 15 novembre, de démettre Salah Ben Youssef du Secrétariat Général et de l’exclure du Parti.

Le Congrès du Parti, tenu du 15 au 19 novembre, à Sfax, devait trancher le conflit en faveur du Bureau Politique.

Cérémonie de signature du traité de l’indépendance le 20 mars 1956, par Tahar Ben Ammar, Premier ministre tunisien et Edger Faure, président du
Conseil français échangent les documents de traité.

Mais Ben Youssef continua à faire campagne dans le Sud où il organisa, fin novembre, un certain nombre de réunions qui donnèrent lieu à des affrontements avec les partisans du Bureau Politique. Dès lors, le différend déborda le cadre purement politique pour se transformer en confrontation armée.

Ayant eu connaissance de la résolution prise par le gouvernement tunisien de le mettre en état d’arrestation, Salah Ben Youssef prit le chemin de l’exil le 28 janvier 1956 et poursuivit, à partir de l’étranger et notamment de l’Egypte, son opposition farouche aux accords de l’autonomie interne, que ses partisans et lui-même qualifiaient de «pas en arrière».

La proclamation de l’indépendance totale (20 mars 1956)

Au contraire de la prise de position des «youssefistes», le congrès de Sfax a considéré que les accords tuniso-français sur l’autonomie interne constituaient «une étape importante sur la voie de l’indépendance» qui représentait «l’objectif suprême de la lutte du Parti». Objectif qu’il a appelé à réaliser «dans un esprit de libre coopération et dans le sens de l’évolution historique».

Les conditions se trouvant réunies pour revendiquer la reconnaissance de l’indépendance de la Tunisie, Habib Bourguiba se rendit, à cette fin, en France où il rencontra, le 3 février 1956, Guy Mollet, alors secrétaire général du Parti socialiste français, qui venait d’accéder à la présidence du Conseil (le 31 janvier 1956). Il a été convenu d’envoyer une délégation pour négocier les revendications tunisiennes et, effectivement, les négociations furent entamées le 29 février et, après 18 jours de tergiversations du côté français, un accord est intervenu le 20 mars 1956. Consacrant la reconnaissance, par la France, de l’indépendance de la Tunisie, l’accord impliquait, notamment, «l’exercice par la Tunisie de ses responsabilités dans les domaines des affaires étrangères, de la sécurité, de la défense et de la constitution d’une armée nationale tunisienne».
 
SOURCE :  independance.tn / taharbenammar.com

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independance.tn / taharbenammar.com


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