2025-06-20 نشرت في
S.E. Mme Josephine Frantzen : Rapprocher la Tunisie et les Pays-Bas, un engagement de chaque instant
À Tunis, la Villa Mona respire l’histoire, l’art et la sincérité. C’est dans cette résidence emblématique, à la croisée du patrimoine tunisien et du design néerlandais, que Mme Abir Fares, rédactrice en chef, a rencontré S.E.Mme Josephine Frantzen, ambassadrice des Pays-Bas en Tunisie.

Son parcours, sa personnalité solaire et son approche humaine de la diplomatie offrent une nouvelle lecture des relations tuniso-néerlandaises.
Ancienne journaliste, Mme Frantzen incarne une diplomatie de proximité. « J’ai gardé ce goût pour les échanges vrais, les histoires vécues. Ici, chaque rencontre compte. » Dans son salon lumineux, deux aquarelles représentant des mosquées de Djerba attirent l’œil. « Ce sont des œuvres de mon père, réalisées lors de notre premier voyage en Tunisie quand j’avais 12 ans. »
En poste depuis août 2022, elle décrit une Tunisie en transition, résiliente et dynamique. « Depuis mon arrivée, nous avons renforcé nos liens sur plusieurs fronts : politique, économique, social et surtout humain. » Elle évoque notamment les visites de haut niveau comme celle du Premier ministre néerlandais en 2023 dans le cadre du Team Europe, ainsi que la venue en février 2025 de la ministre du Commerce international. Elle a été impressionnée par l’énergie tunisienne, notamment lors de sa visite à la réserve Ben Ismail, une entreprise oléicole soutenue par un fonds néerlandais via la Banque mondiale.
68 ans de relations diplomatiques officielles jalonnent les échanges entre les deux pays, mais « c’est la qualité des interactions sur le terrain qui fait la différence. » Et l’une des priorités affichées est claire : l’emploi des jeunes et des femmes. « Nous croyons fermement au potentiel de la jeunesse tunisienne. Nos projets visent à leur donner les moyens de créer, d’innover, d’oser. »
Dans cette logique, l’approche néerlandaise se veut participative. « Les jeunes ne sont pas seulement bénéficiaires. Ils sont co-créateurs des projets. Ils définissent leurs besoins, proposent leurs idées, participent à la mise en œuvre. » Cette stratégie s’illustre notamment dans l’agriculture durable. « Nous soutenons les jeunes qui souhaitent lancer leur micro-entreprise agroalimentaire, en facilitant l’accès à la terre et à la formation. »
Le secteur agricole constitue une signature néerlandaise en Tunisie. « Notre modèle est innovant et résilient. Nous organisons des échanges entre centres de recherche néerlandais et acteurs tunisiens pour moderniser les pratiques. »
Mais l’économie ne s’arrête pas aux champs. Les secteurs du textile et des technologies sont également des piliers. « Environ 95 entreprises néerlandaises sont présentes en Tunisie. Certaines sont là depuis les années 70, notamment autour de Bizerte. Elles ont su s’intégrer tout en créant près de 15 000 emplois directs. »
Cette histoire industrielle s’enrichit d’un lien humain fort. « Les entrepreneurs néerlandais qui vivent ici depuis 40 ans sont devenus partie intégrante de la société tunisienne. Ils investissent, innovent, mais aussi partagent. »
La culture, elle aussi, est un levier d’union. L’ambassadrice met en avant l’exposition World Press Photo organisée à Tunis : « Dans le contexte géopolitique actuel, exposer la photo gagnante prise à Gaza était un acte fort. L’art a cette capacité à ouvrir les cœurs et les esprits. »
Quand on la questionne sur ses habitudes locales, elle sourit : « J’ai adopté les petits cafés tunisiens, les douceurs locales aux noisettes, et surtout cet art de vivre ensoleillé. Ici, même quand tout va mal, on vous répond avec le sourire : "Tout va bien". »
Elle évoque aussi les contrastes culturels avec humour. « Aux Pays-Bas, on passe à table dès 18h, souvent autour d’un repas simple : du pain et du fromage. Ici, à cette heure-là, on commence tout juste à se demander ce qu’on va bien pouvoir préparer! Les Tunisiens sont plus diplomates, nous, Néerlandais, très directs. Mais ça donne des échanges sincères et enrichissants. »
Les sens ne mentent pas quand elle décrit la Tunisie. Une image ? « Un pays coloré, baigné de lumière, riche en contrastes. » Une odeur ? « Celle des herbes sèches » Un goût ? « L’intensité du couscous, le soleil dans chaque fruit. » Un son ? « L’appel à la prière du soir, apaisant et profond. »
Et le toucher ? « Peut-être mes deux chats tunisiens, adoptés ici. Ils ne comprennent pas le néerlandais mais adorent notre chef tunisien. »
En somme, c’est toute une expérience humaine que vit l’ambassadrice. Et à un an de la fin de sa mission, elle l’affirme : « Si j’ai réussi à rapprocher nos peuples, à faire avancer des projets pour les jeunes et à promouvoir la culture, alors je pars comblée. »
Josephine Frantzen ne fait pas que représenter un État. Elle crée du lien, donne du sens et construit des ponts durables entre les deux rives. Un visage de la diplomatie aussi lumineux que la Tunisie qu’elle célèbre.