Publié le 06-03-2018
Quand un Djerbien tire la sonnette d’alarme : Djerba se meurt, lentement et dans l’indifférence totale
Lotfi Jeriri est journaliste mais il est surtout un Djerbien qui s’inquiète pour son île et qui voudrait voir les hôteliers faire preuve de plus de créativité de prise d’initiative pour sortir l’île de sa torpeur. Voici ce qu’il a écrit :

Comment faire sortir Djerba de sa crise aigüe en matière de tourisme d’autant qu’elle est entrain de subir ardemment une crise dont elle n’ y est pour rien. Elle n’est pas une zone de turbulences comme certaines régions du pays et encore moins elle n’a affiché le moindre état de rébellion ou d’agitation. C’est une île qui vit - malgré la conjoncture tout aussi sécuritaire qu’économique - dans la quiétude. Et si l’on sait que Djerba est une île hyper protégée de par ses accès au nombre de 3, l’on a le droit de demander qu’elle ne soit plus considérée (touristiquement parlant) comme une entité géographique tunisienne, mais plutôt insulaire loin de la conjoncture nationale ambiante.
Alors quelles seraient les mesures à prendre pour convaincre nos partenaires étrangers de la singularité djerbienne, quelle campagne promotionnelle doit-on opter pour ce faire, quelles sont les obligations de l’Etat envers Djerba en matière de financement et de soutien à cette île sinistrée qui peut se distinguer par sa spécificité de calme et de paix, comment faire sortir les professionnels et les voyagistes de leur léthargie pour qu’ils sachent que cette conjoncture est loin d’être une fatalité et qu’il y a moyen de s’en sortir pourvu que l’on dresse un plan de travail concret et fiable, que devrait faire notre compagnie nationale pour booster les ventes et sacrifier un peu pour garder les lignes aériennes ouvertes au lieu de les fermer et quel devrait -être le rôle de la société civile pour apporter un soutien à cette oeuvre commune afin de redonner vie à ce secteur-clef dans la vie djerbienne ?
Depuis octobre 2015, j’ai cette impression que les professionnels de la région et encore davantage les responsables du secteur (Ministre et ONTT) optent pour la facilité de mettre les clefs sous le paillasson et attendent que les T.O et autres marchés émetteurs viennent les supplier de rouvrir leurs portes. Aucune initiative, aucune tentative de remuer les choses, de se faire entendre, de dire que Djerba même si elle est tunisienne, elle n’est pas moins autonome, une île qui baigne dans la méditerranée loin des turbulences qui agitent la région, qu’elle est protégée, sécurisée, affichant un climat doux, clément à même de permettre de se baigner à partir de janvier dans une mer bleu cobalt à longueur d’année.
Djerba se meurt dans l’indifférence totale. Alors qu’on pouvait s’appuyer sur sa singularité îlienne, sur sa particularité insulaire pour en faire une locomotive à même de drainer une clientèle acquise pourvu qu’on la rassure quant à la sécurité et la quiétude dans cette parcelle de paradis sur terre.
Rien, mais rien ne prédestinait Djerba à vivre la crise qu’elle connaît depuis bientôt un an. J’ai même envie de dire que cette crise aurait pu être moins cuisante, si les professionnels de la région avaient su faire prévaloir ses spécificités et atouts et obligé l’autorité de tutelle à privilégier Djerba par une campagne promotionnelle spécifique qui met en valeur ses particularités, et Dieu sait qu’elles sont nombreuses et fiables.
Bien sûr, l’on se réjouit quelque part de savoir que le Club Med ouvrira ses portes l’été prochain, que Marmara commercialise ses clubs djerbiens à partir d’avril. Mais est-ce suffisant. Loin, très loin du compte pour un pôle touristique qui offre 46 mille lits, et plus de cent hôtels.
Djerbiens, bougez bon sang! Faites entendre votre voix. Défendez-vous. Djerba a besoin de son tourisme. Sans lui elle se meurt, lentement... mais sûrement. Et vous avec... inéluctablement!