Publié le 06-03-2018

MIT 2010: Ecotourisme en Tunisie: Quel avenir?

Appelé « tourisme vert » et opposé au « tourisme de masse », l’écotourisme- ce concept novateur qui date des années 1970- se veut un pilier du tourisme et du développement durables.



MIT 2010: Ecotourisme en Tunisie: Quel avenir?

 
Appelé « tourisme vert » et opposé au « tourisme de masse », l’écotourisme- ce concept novateur qui date des années 1970- se veut un pilier du tourisme et du développement durables. Il se fonde principalement sur  la préservation de l’écosystème et de la diversité biologique à travers sa fonction sensibilisatrice à l’environnement. Il est progressivement adopté par les gouvernements et les institutions internationales. Quid en Tunisie ?
 
En Tunisie, l’écotourisme commence à se faire une place graduellement à côté du tourisme balnéaire qui détient la palme en matière d’attractivité touristique mais qui a commencé à perdre de sa séduction ces derniers temps. Il faut bien proposer un produit touristique alternatif dans un contexte mondial où tout le monde parle, désormais, écolo.
 
En effet, la Tunisie avec ses parcs et réserves naturels constitue un terrain idoine pour le développement de l’écotourisme. D’ailleurs, les régions du nord- ouest, du nord-est  et du Cap Bon en l’occurrence disposent d’un patrimoine écologique riche. Toutefois, le véritable décollage de l’écotourisme ne s’est pas encore cristallisé. Des témoignages se sont succédés lors du Workshop organisé à l’occasion de la 16ème édition du MIT 2010, portant sur « L’écotourisme en Tunisie : mythe ou réalité ? ». Bien que certains projets aient vu le jour comme celui de Dar Zaghouan, nombreuses contraintes de divers ordres ont été déplorées par les présents entre autres celle relative à la question de l’autorisation administrative tributaire de la qualification de la zone objet du projet touristique… Elles ont été étalées dans l’optique d’être dépassées et transformées en propositions et revendications sine qua non pour booster l’écotourisme en Tunisie.
 
De prime abord, il faudra définir ce que l’on entend par écotourisme. Face au foisonnement qui existe en la matière, il est indispensable de tracer la ligne de démarcation entre un tel concept et des notions voisines susceptibles d’entrer en interaction avec lui comme l’agriculture bio ou autres. Plus concrètement, les normes d’un projet d’écotourisme doivent être définies comme le lieu d’implantation du projet, le nombre de chambres à abriter… La définition de ces normes s’inscrit dans le cadre plus général d’une réglementation portant sur l’écotourisme et dont les dispositions définiront une procédure d’agrément qui soit simplifiée, contiendront des incitations de divers ordres pour les personnes qui investissent dans un projet d’écotourisme…
 
Enchainant avec l’aspect procédural, l’on a revendiqué la création d’une sorte de guichet unique au sein de l’ONTT (Office National du Tourisme Tunisien) qui sera investi de la fonction de coordination avec les autres partenaires, départements et autorités impliqués dans la procédure de délivrance de l’autorisation d’exploitation et les autres formalités. Le promoteur sera moins dispersé et plus concentré sur son projet.
 
Relativement au produit lui-même, la plus grande chance de l’écotourisme se trouve dans les parcs et réserves naturels qu’il faut protéger. Ces derniers font partie intégrante du domaine public et l’idée qu’un entrepreneur privé vienne les exploiter est encore mal digérée. Un travail reste à faire au niveau des mentalités pour faciliter le travail des promoteurs de projets privés.  
 
Par ailleurs, un travail reste également à faire au niveau de la formation du personnel chargé de gérer le projet dans ses moindres détails. Ce genre de projets a besoin de personnes opérationnelles, qualifiées, qui sont familiarisées avec la région en cause et qui sont passionnées par ce qu’elles font ; le métier nécessite, en effet, beaucoup d’amour et d’attention.
 
Concernant la vocation du terrain sur lequel sera monté le projet, l’état de la législation doit être révisé. En effet, la loi interdit les constructions sur les terrains à vocation agricole. L’exception devrait être apportée à cette norme pour y soustraire explicitement les projets d’écotourisme.
 
Côté financement, la BFPME (Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises) devrait inclure, dans ses critères de sélection des projets susceptibles d’être financés, les projets d’écotourisme qui, jusque là, ne sont pas éligibles. Pour les crédits bancaires, il faudra faire plus confiance à ces projets- lesquels ont un potentiel lucratif indéniable- et ouvrir la porte aux crédits tout en baissant les taux d’intérêt…
 
Le volet communication et l’aspect marketing sont à prendre très au sérieux. En effet, l’on a beau avoir un produit innovant, attractif, compétitif ; or si l’on ne communique pas dessus comme il se doit par le biais une campagne médiatique et promotionnelle d’envergure mobilisant les moyens tous azimuts, les objectifs escomptés ne seront pas atteints. Il est toujours utile de rappeler l’importance des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) dans la promotion du tourisme tunisien via l’acclimatation du secteur aux nouveaux outils de travail dans le monde. C’est bien l’heure du web et un portail dédié à l’écotourisme en Tunisie n’est point un luxe ou un outil superfétatoire. (Voir la vidéo de M. Afif Kchouk lors de la présentation du MIT 2010)
 
En définitive, il faut être conscient de la nécessité de redoubler d’efforts pour promouvoir l’écotourisme en Tunisie ; deux décennies en arrière le tourisme saharien ne connaissait pas le succès qu’il a aujourd’hui. Simplement, la volonté y était ce qui fait qu’il se retrouve aujourd’hui dans une situation prometteuse voire très prometteuse…Pour sa part, l’écotourisme dispose d’atouts particuliers qu’il faudra mettre au service de son propre développement et de celui du tourisme tunisien de manière générale afin de lui procurer un souffle nouveau et lui apporter une dimension complémentaire et sure.     
                                                                                                                                                                                                                                          A.F
 
Crédit Photo: Econostrum
 

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