Publié le 30-09-2025
Stratis World Wide à Sfax ferme ses portes : 45 familles tunisiennes laissées dans l’incertitude
45 ingénieurs tunisiens viennent de vivre un choc brutal à Sfax. Après avoir été recrutés par la filiale locale de Stratis World Wide, branche internationale d’une agence digitale française réputée, ils ont appris, par un simple courriel, la fermeture immédiate de la société, le 22 septembre 2025.

Les promesses étaient grandes : stabilité, opportunités professionnelles et avenir assuré. Mais, du jour au lendemain, ces compétences tunisiennes se sont retrouvées sans emploi, sans explication et sans indemnités. « Nous avons donné notre temps, notre santé et notre engagement. En retour, nous n’avons récolté que du mépris », témoignent les ingénieurs concernés.
Depuis le mois d’août, les salaires avaient commencé à accuser du retard. Malgré cela, les équipes ont continué à travailler, croyant en des engagements de long terme. Mais ce qui leur a été imposé, dénoncent-ils, est un licenciement abusif accompagné du verrouillage des accès et du silence de la direction.
Au-delà du cas individuel, cette affaire soulève une question nationale : quelle place pour l’ingénieur tunisien dans son propre pays ? Les témoignages mettent en lumière une logique d’offshoring où les jeunes talents sont utilisés comme une main-d’œuvre bon marché, avant d’être abandonnés sans recours. « Nous ne sommes pas des chiffres. Nous sommes des ingénieurs, des développeurs, des designers… Nous exigeons nos droits et notre dignité », insistent-ils.
Les salariés appellent à la mobilisation de l’opinion publique, des médias, des organisations de défense des droits et des autorités tunisiennes. Leur objectif : dénoncer l’impunité des investisseurs étrangers qui profitent du marché tunisien tout en contournant leurs obligations sociales et légales.
Cette affaire dépasse le cas de Stratis World Wide. Elle reflète une réalité plus large : le sentiment d’abandon de nombreux jeunes diplômés tunisiens qui choisissent de rester et de travailler en Tunisie malgré les tentations de l’émigration. La fermeture soudaine de l’entreprise met en évidence la fragilité du cadre légal et interroge sur la capacité de l’État à protéger ses talents.
Aujourd’hui, une question résonne : combien de temps encore l’ingénieur tunisien restera-t-il une variable d’ajustement dans son propre pays ?