Publié le 22-05-2025

Daccourdou ? Quand l’ambassadeur Prunas évoque l’art, l’identité et les passerelles culturelles et économiques entre la Tunisie et l’Italie

Le Musée national du Bardo a accueilli, le 25 avril 2025, une rencontre artistique et diplomatique d’exception à l’occasion du vernissage de l’exposition « Daccourdou », organisée sous l’égide de l’Ambassade d’Italie en Tunisie. En marge de cet événement, nous avons rencontré Son Excellence M. Alessandro Prunasambassadeur d’Italie en Tunisie, pour un entretien.



Daccourdou ? Quand l’ambassadeur Prunas évoque l’art, l’identité et les passerelles culturelles et économiques entre la Tunisie et l’Italie

 
Ce terme singulier, partagé entre le dialecte sicilien et tunisien, évoque la notion de réconciliation et de dialogue. À travers cette exposition, cinq photographes (4 italiens et 1 tunisienne) de renom livrent leur regard sur le patrimoine culturel italien en Tunisie.
SEM Alessandro Prunas souligne que « le choix du nom 'Daccourdou' incarne un pont linguistique et émotionnel entre nos deux peuples ». Ce mot, commun aux deux rives, reflète une volonté de créer des liens durables fondés sur la mémoire, l’émotion et la culture partagée.

L’exposition se décline en quatre thématiques : archéologie, architecture, présence historique italienne en Tunisie et coopération économique actuelle.
Des photographies, notamment celles de la jeune artiste tunisienne Souad Mani, enrichies par l’intelligence artificielle, offrent une relecture saisissante de l’héritage romain et italien. D’autres clichés plus documentaires illustrent l’impact visuel de l’architecture italienne sur le tissu urbain tunisien.

« Nous voulons rappeler que l’Italie a représenté la communauté étrangère la plus nombreuse en Tunisie au XXe siècle, avec près de 200 000 ressortissants », explique l’ambassadeur, insistant sur l’apport des Italiens dans les domaines du commerce, de l’artisanat, de l’ingénierie et de l’agriculture.

Sur le plan économique, SEM Prunas rappelle la présence actuelle d’environ 1 000 entreprises italiennes en Tunisie, particulièrement dans le textile, l’agroalimentaire, la mécanique et désormais les énergies vertes. « Nous soutenons activement des projets de développement durable, comme l’oasis de Regim Maatoug ou la gestion des eaux usées pour l’agriculture ».
L’ambassadeur insiste sur l’engagement de l’Italie pour la jeunesse tunisienne, à travers la formation professionnelle, les échanges académiques et les bourses. Il cite notamment le Plan Mattei, lancé en janvier 2024, qui place la Tunisie comme pays prioritaire dans la stratégie Italie-Afrique.

Une part importante de la stratégie italienne en Tunisie repose aussi sur la coopération scientifique et la mobilité universitaire. « La Tunisie est le deuxième pays bénéficiaire mondial de nos bourses d’études. Nous venons de publier un appel à projets pour des recherches conjointes avec nos institutions universitaires ».

L’ambassadeur évoque également le projet ambitieux d’un Hub Culture, Innovation et Entreprises, qui regroupera à Tunis l’Institut culturel italien, la Chambre tuniso-italienne de commerce et le pôle Innovation Hub de la société italienne Terna. « Ce sera un espace ouvert pour les jeunes, les artistes, les chercheurs et les entrepreneurs ».

Enfin, SEM Prunas a partagé ses coups de cœur personnels : le Coran Bleu exposé au Bardo, les paysages du désert tunisien, et surtout la cuisine locale. Il avoue sa passion pour la salade méchouia, le couscous au poulpe et les pâtes aux crevettes dégustées près de Bizerte. « Ce que j’admire en Tunisie, c’est la simplicité et la richesse des saveurs locales, qui rappellent l’esprit de la cuisine italienne ».

L’exposition Daccourdou se poursuit jusqu’au mois de juillet 2025 au Musée national du Bardo et incarne une parfaite synthèse de diplomatie culturelle et de partage méditerranéen.



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