Publié le 28-04-2023

En Turquie, inquiétudes sur la santé d’Erdogan

Une rumeur a enflammé les réseaux sociaux.

Erdogan aurait fait une crise cardiaque et serait hospitalisé, sa famille appelée à son chevet.



En Turquie, inquiétudes sur la santé d’Erdogan

Aucune source n'est citée, mais cela n'a pas empêché l'infox de se propager, via des comptes prorusses et sur celui d'une chaîne de télévision étatique chinoise… À tel point que la présidence turque a été obligée de publier un rapide démenti.

« Les allégations selon lesquelles le président de la République aurait subi une crise cardiaque et aurait été hospitalisé ne sont pas exactes », a réagi dans la soirée le « centre de lutte contre la désinformation » de la présidence, sans pour autant dissiper toutes les interrogations.

Des affirmations tout aussi fantaisistes font état d'un empoisonnement par la Russie… « Le président va bien et reprendra le cours de son programme dès que possible », a balayé son directeur de la communication, Fahrettin Altun, mercredi.

Mais l'inquiétude est perceptible depuis le malaise de Recep Tayyip Erdogan, mardi soir, alors qu'il répondait à une interview en direct sur plusieurs chaînes de télévision.

La retransmission a été brutalement interrompue et, après une longue pause, le président est revenu sur le plateau, les traits tirés, pour expliquer qu'il avait attrapé une « grippe intestinale » à cause d'un « programme de campagne très chargé ».

Tous les déplacements prévus, les discours et prises de parole à la télévision du « Reis » ont été annulés mercredi et jeudi.

Ce 27 avril, Erdogan a donc suivi à distance, depuis le palais présidentiel, la cérémonie d'inauguration du premier réacteur de la centrale nucléaire d'Akkuyu (Sud), construite par la Russie.

Mais il est apparu à la télévision à cette occasion. Sur les images, diffusées par les télévisions turques, le chef de l'État a les traits tirés, pour écouter un message par visioconférence du président russe, Vladimir Poutine.

À 17 jours de l'élection et alors que les Turcs de l'étranger, 3,5 millions d'électeurs, ont commencé à voter jeudi, le président turc qui brigue un nouveau mandat est au repos forcé.

Une coupure inhabituelle pour lui qui, en de telles circonstances, ne se ménage pas. Comme souvent, son programme prévoyait mercredi des déplacements dans trois villes d'Anatolie avec trois meetings.

En campagne, Erdogan avale les kilomètres. Il n'hésite pas non plus à goûter les mets qu'on lui offre, comme ce fut le cas mardi, non sans risque.

Des alertes précédentesÂgé de 69 ans, au pouvoir depuis 20 ans, l'homme fort de la Turquie doit composer avec une santé de plus en plus fragile, lui qui, plus jeune, était connu pour être une force de la nature. On le dit atteint de diabète, épileptique, sujet à des chutes brutales de tension…

L'alerte de ces derniers jours n'est pas la première. Déjà en 2006, ses gardes du corps avaient dû casser les vitres de sa voiture en empruntant une masse à des ouvriers sur un chantier, alors qu'il s'était évanoui à l'intérieur. Le leader turc avait fait une crise d'hypoglycémie, en plein jeûne du ramadan.

En 2021, plusieurs incidents avaient renforcé les craintes d'une santé défaillante. En février, il peinait à descendre une volée de marches, cramponné au bras de sa femme.

En août, il titubait dangereusement, alors qu'il participait à une cérémonie officielle au mausolée d'Atatürk, sous un soleil de plomb. À plusieurs reprises, il s'endormait en plein meeting.

Il était aussi apparu, chancelant, au G20. La revue américaine Foreign Policy s'était alors fait l'écho d'« histoires alléguant qu'Erdogan est en proie à des pertes de mémoire de plus en plus fréquentes, à des troubles respiratoires, des vomissements » et d'un « implant d'un défibrillateur ».

Pour répondre à cet article, le président était apparu le lendemain en train de jouer au basket-ball avec ses conseillers…
Le manque de transparence sur la santé du « Reis » alimente, depuis des années, les rumeurs les plus folles.

En 2011, Erdogan, qui était alors Premier ministre, avait disparu de la scène politique pendant près de quatre mois, une éternité à son échelle, après une opération au côlon.

Des polypes, des excroissances potentiellement cancéreuses, lui avaient été retirés de l'intestin, comme l'avait expliqué le chirurgien Mehmet Fuzun. Une opération présentée alors comme « préventive », que beaucoup avaient interprétée comme la détection d'un cancer. Rien n'est jamais venu le confirmer.

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