Publié le 06-03-2018

L'Egypte accusé d'expulser des réfugiés vers la Syrie

Amnesty International a accusé l'Egypte, jeudi 17 octobre, d'arrêter et d'expulser des centaines de réfugiés ayant fui la Syrie, dénonçant le placement d'enfants en détention et la séparation de familles au cours de ces retours forcés vers le pays en guerre.



L'Egypte accusé d'expulser des réfugiés vers la Syrie

"L'Egypte échoue lamentablement à respecter ses obligations internationales de protéger même les réfugiés les plus vulnérables", a estimé Cherif Elsayed Ali, chargé des droits des réfugiés et des migrants dans l'ONG. "Au lieu d'offrir un soutien vital aux réfugiés de Syrie, les autorités égyptiennes les arrêtent et les expulsent, en violation des droits de l'homme", poursuit-il.

Amnesty affirme notamment avoir visité un commissariat d'Alexandrie, dans le nord de l'Egypte, où sont détenus depuis le 17 septembre des jumeaux de 1 an venus de Syrie, tandis qu'un garçonnet de 9 ans originaire d'Alep, arrêté sur un bateau alors qu'il tentait d'émigrer, a été empêché de voir sa mère durant quatre jours.

Des avocats ont affirmé à Amnesty International avoir été empêchés de représenter des demandeurs d'asile détenus, tandis que l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) n'a pu avoir accès à eux. Ces avocats ont ajouté qu'à deux reprises au moins, des expulsions collectives avaient eu lieu vers Damas.

NAUFRAGES ET XÉNOPHOBIE

L'Egypte, qui a récemment imposé de nouvelles restrictions à l'entrée des Syriens sur son territoire, exigeant un visa et des autorisations avant leur départ, a accueilli plus de 100 000 Syriens dont certains ont ensuite tenté de gagner l'Europe à bord d'embarcations surpeuplées. La marine égyptienne a intercepté treize de ces bateaux, rapporte Amnesty, ajoutant que, selon l'ONU, 946 personnes ont été arrêtées par les autorités, 724 d'entre étant toujours en détention.

Le 11 octobre, douze personnes se sont noyées dans le naufrage d'une embarcation transportant des réfugiés venus de Syrie au large d'Alexandrie, selon Amnesty qui rappelle que plus de 300 migrants – dont des Syriens – ont péri le 3 octobre dans un naufrage près de l'île italienne de Lampedusa.

En Egypte, une vague de xénophobie, alimentée notamment par des médias, vise les réfugiés syriens depuis la destitution, le 3 juillet, du président Mohamed Morsi par l'armée. Ils sont accusés d'avoir participé aux manifestations de soutien à M. Morsi, membre des Frères musulmans, confrérie dominante au sein de l'opposition syrienne.


Le Monde

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