Publié le 15-01-2022

Frappé par des policiers Tunisiens, un journaliste français à la clinique

" Les forces de l’ordre ont violenté le journaliste, et l’ont empêché de couvrir des rassemblements contre le président Kaïs Saïed, vendredi 14 janvier, "rapportent le quotidien français et l’association des correspondants étrangers en Afrique du Nord. 



Frappé par des policiers Tunisiens, un journaliste français à la clinique

A cet effet, La direction du journal Liberation condamne fermement cette agression, via un article intitulé "Le correspondant de «Libé» en Tunisie tabassé par la police."

"En marge d’une manifestation contre le président Kaïs Saïed, vendredi, le correspondant de Libération à Tunis, Mathieu Galtier, a été roué de coups par des policiers. Le rassemblement était interdit, officiellement pour des raisons sanitaires. Malgré les barrages des forces de sécurité, quelques centaines de personnes avaient réussi à converger sur la place de l’Horloge, point central de l’avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis, en début d’après-midi. Au moins 1 200, selon le ministère de l’Intérieur. Vers 14h45, les opposants ont été dispersés par des canons à eau et des gaz lacrymogènes.

Quelques minutes plus tard, Mathieu Galtier filmait l’arrestation musclée d’un manifestant avec son téléphone portable quand il a été pris à partie par un policier en uniforme. «Je lui ai répondu, en français et en arabe, que j’étais journaliste, détaille le correspondant de Libération. Il a essayé de prendre mon téléphone, que j’ai protégé.» D’autres policiers l’ont alors soulevé et traîné entre deux fourgonnettes. «Ils ont commencé à me frapper dans tous les sens, j’étais par terre, recroquevillé en position fœtale, je criais que j’étais journaliste. L’un d’eux m’a aspergé de gaz à bout portant. Ils m’ont donné des coups de pied. Finalement, ils ont pris mon téléphone, ma carte de presse, et ils m’ont laissé là, " rapporte le journal.

"«On a tous dégusté ce vendredi»
Mathieu Galtier a été pris en charge par des pompiers, qui lui ont prodigué les premiers soins. «Quand j’ai réussi à rouvrir les yeux, un policier m’attendait avec mes affaires pour m’accompagner au commissariat de la rue Ibn Khaldoun.» Une dizaine de manifestants interpellés attendaient, assis par terre, dans le hall du commissariat. «Au bout de quelques minutes, ils m’ont dit : “Tu peux partir.” On m’a rendu mon téléphone, mais pas ma carte SD, sur laquelle il y avait mes images et mes vidéos.»

Aux urgences d’une clinique de Tunis, un médecin a prescrit au journaliste, installé depuis six ans en Tunisie, «quinze jours de repos» et constaté «une écorchure de 10 centimètres de diamètre» au front, une «ecchymose» au bras droit, des «contusions au niveau du dos, de la partie supérieure et abdominale» et un «œdème au pied gauche».
«On a tous dégusté ce vendredi, raconte un photographe français lui aussi présent à la manifestation, qui a pris un coup de matraque dans un mouvement de foule. Quand les manifestants ont réussi à forcer le premier barrage, la situation s’est tendue. Il y avait une telle disproportion entre le petit nombre de manifestants et l’ampleur du dispositif policier ! C’est la première fois depuis dix ans que j’assiste à de tels affrontements dans le centre-ville de Tunis.» Au cours de la manifestation, au moins un autre journaliste, italien, a été interpellé, indique Natalia Roman, la présidente du Club des correspondants étrangers d’Afrique du nord, qui a entamé un recensement des abus commis par les policiers contre la presse vendredi et entend «coordonner une action» avec le Syndicat national des journalistes tunisiens. La manifestation marquait également le 11e anniversaire de la chute de Zine el-Abidine Ben Ali.

La direction de Libération condamne avec la plus grande fermeté l’agression de son journaliste. L’état d’exception que connaît la Tunisie ne légitime aucunement de restreindre la liberté de la presse, alors que l’impunité des violences policières précédentes envers des membres de la presse en Tunisie tend à prouver l’absence d’une volonté politique de protéger les journalistes, qui sont la seule source d’information fiable sur place. Libération a déposé une protestation officielle auprès de l’ambassadeur de Tunisie à Paris, M. Mohamed Karim Jamoussi, et demande que soient retournés immédiatement à notre journaliste ses documents photographiques, et que soit ouverte une enquête sur ses agresseurs," toujours selon la même source.

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