Publié le 06-03-2018

Le chef du Pentagone claque la porte après l'annonce de Trump sur la Syrie

Le chef du Pentagone Défense Jim Mattis a brutalement annoncé jeudi sa démission du gouvernement de Donald Trump, au lendemain de l'annonce du retrait des troupes américaines en Syrie qui a pris de court ses alliés.



Le chef du Pentagone claque la porte après l'annonce de Trump sur la Syrie

Le départ de cet homme d'expérience, très respecté sur la scène internationale et qui incarnait une forme de stabilité au sein d'une administration traversée de secousses, est un coup dur pour le tempétueux président des Etats-Unis qui apparaît de plus en plus isolé.

Dans un courrier adressé au locataire de la Maison Blanche, cet ex-général des Marines de 68 ans, insiste sur la nécessité pour les Etats-Unis de "traiter les alliés avec respect", marquant implicitement son désaccord avec un président qui a pris pour cible, un à un, au cours des derniers mois, les dirigeants des principales puissances occidentales.

"Je pense que me retirer est la bonne chose à faire", ajoute-t-il dans ce courrier qui a eu l'effet d'un coup de tonnerre à Washington.

Nombre d'élus des deux bords ont exprimé leur déception, voire leur inquiétude.

"C'est un jour très triste pour notre pays", a lancé Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants. "Lisez sa lettre! Je pense que tout le monde dans le pays devrait lire sa lettre de démission", a-t-elle ajouté.

En écho, Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, a déploré le départ de l'un des "rares symboles de force et de stabilité" au sein de l'équipe au pouvoir.

Sur Twitter, Donald Trump n'a pas parlé de démission, indiquant simplement que Jim Mattis quitterait ses fonctions "à la fin de février" et qu'il nommerait un successeur "prochainement".

Dans sa lettre, le ministre démissionnaire n'évoque pas directement le dossier syrien, si ce n'est pour citer la coalition internationale contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) comme exemple de l'utilité des alliances.

Mais il sait que son départ sera interprété comme la marque de son clair désaccord avec le magnat de l'immobilier, sur le dossier syrien comme sur d'autres.

D'autant que, selon plusieurs médias américains, la présidence américaine a demandé au Pentagone d'envisager un retrait partiel également d'Afghanistan -- alors que Jim Mattis avait plaidé et obtenu l'an dernier une augmentation des troupes.

Martelant que les Etats-Unis n'avaient pas vocation à être le "gendarme du Moyen-Orient", Donald Trump a lui défendu jeudi avec force le retrait des quelques 2.000 soldats américains déployés dans le nord de la Syrie, une décision prise contre l'avis de plusieurs membres de son administration.

Si des questions restent en suspens sur le devenir des frappes aériennes américaines contre l'EI, sur la politique de Washington vis-à-vis de l'Iran dans la région ou encore sur une décision qui laisse le champ libre à la Russie, le milliardaire républicain peut se targuer de tenir une vieille promesse.

"Il est temps que d'autres se battent enfin", a-t-il lancé sur Twitter, estimant que l'Amérique n'avait "RIEN" obtenu d'autre que la perte de vies précieuses et de milliers de milliards de dollars, et invitant "la Russie, l'Iran, la Syrie et beaucoup d'autres" à prendre le relais contre l'EI -- dont il avait clamé la veille la défaite.

Son homologue russe Vladimir Poutine, à la manoeuvre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad, a salué une décision "juste". "Donald a raison", "nous avons porté des coups sérieux à l'EI en Syrie", a-t-il lancé.


AFP

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