Publié le 06-03-2018

Ouverture du procès de Ratko Mladic responsable du nettoyage ethnique de la Bosnie

L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic a "pris en main le nettoyage ethnique de la Bosnie" au début des années 1990, a affirmé l'accusation au premier jour du procès de l'ex-général devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), 17 ans après le massacre de Srebrenica.



Ouverture du procès de Ratko Mladic responsable du nettoyage ethnique de la Bosnie

Ratko Mladic, 70 ans, "a pris en main le nettoyage ethnique de la Bosnie", a affirmé Dermot Groome, représentant du bureau du procureur, lors de sa déclaration liminaire : "il a pleinement participé à une entreprise criminelle qui était en marche".

 

Cartes démographiques à l'appui, l'une datant d'avant la guerre de Bosnie (1992-1995) et l'autre d'après la guerre, M. Groome a décrit comment de nombreuses municipalités ethniquement mixtes ou à majorité musulmane étaient devenues serbes suite à la campagne de "nettoyage ethnique" dont il a décrit les "objectifs stratégiques".

 

"Le premier objectif était de séparer les Serbes des deux autres communautés nationales", les musulmans et les Croates, a assuré M. Groome, décrivant notamment comment un jeune garçon avait vu son père et son oncle tués lors de la guerre. "Des milliers de familles ont été forcées de quitter leurs terres", a-t-il ajouté.

 

Assis derrière son avocat, l'accusé, en costume gris foncé et chemise claire, a brièvement applaudi l'entrée des juges dans la salle d'audience à 09H00 (07H00 GMT). L'ancien général, qui est apparu en meilleure forme que lors de sa première comparution à La Haye en juin 2011, ne s'est pas exprimé, prenant juste quelques notes.

 

Vers 10H45 (08H54 GMT), le juge président Alphons Orie a enjoint à M. Mladic de ne plus "interagir" avec les personnes présentes dans la galerie du public, séparée de la salle d'audience par une vitre insonorisante, lui conseillant de "se concentrer sur ce qui se passe dans cette salle d'audience".

 

Arrêté le 26 mai 2011 en Serbie après avoir échappé pendant seize ans à la justice internationale, Ratko Mladic est accusé de génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis par ses troupes lors de la guerre de Bosnie, qui avait fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.

 

La déclaration liminaire de l'accusation doit durer six heures au total, mercredi et jeudi. Le procès se poursuivra le 29 mai avec l'audition du premier témoin de l'accusation, selon laquelle il pourrait durer trois ans.

 

L'ancien général est poursuivi pour les mêmes crimes que son alter ego politique Radovan Karadzic, 66 ans, jugé à La Haye depuis octobre 2009.

 

Les deux hommes ont été des personnages-clés, selon l'accusation, d'une "entreprise criminelle commune" dont le but était de chasser à jamais les musulmans et Croates de Bosnie du territoire revendiqué par les Serbes en Bosnie-Herzégovine.

 

Dermot Groome a décrit comment la "situation était devenue plus volatile" peu de temps avant le début de la guerre de Bosnie, comment "le feu et les peurs de la population ont été ravivés" par la rhétorique de politiciens comme Radovan Karadzic.

 

Ratko Mladic, qui plaide non coupable et encourt la prison à vie, doit notamment répondre du massacre de Srebrenica en juillet 1995, lors duquel près de 8.000 hommes et garçons musulmans avaient été tués par les forces serbes de Bosnie, le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

 

Une vingtaine de mères et veuves d'hommes et garçons tués à Srebrenica ont fait le déplacement à La Haye et se sont rassemblées devant le TPIY peu avant le début de l'audience, qualifiant M. Mladic de "boucher" et de "mal incarné".


AFP
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