il est très rare que le Festival International de Carthage connaisse un spectacle d’ouverture de ce calibre. La 45^ème édition a démarré, en effet, sur les chapeaux des roues, le 9 juillet 2009, à la faveur d’un méga spectacle « le matin nouveau » qui rend hommage à l’immortel poète Aboulkacem Chebbi dans le cadre de la célébration de son centenaire.

Le ministère et toutes les parties prenantes de la culture en Tunisie focalisent leurs efforts sur cet évènement depuis le commencement de la saison culturelle 2009-2010. Et voilà que le spectacle « le matin nouveau » s’ajoute à la liste des hommages rendus à notre cher poète Chebbi qui marque depuis des décennies le paysage littéraire en Tunisie et dans le monde arabe.

Pour être à la hauteur d’un tel évènement (ouverture de Carthage et hommage à Chebbi à la fois), il faut être innovant, performant et doué. C’était effectivement le cas de « Assabeh Al Jadid » qui a enchanté son public. Une chorégraphie innovante et une musique extraordinaire se sont associées aux textes et poèmes éternels de Chebbi, faisant naître des tableaux extrêmement beaux et surtout vivants. Nous avons pu découvrir à travers les belles voix des chanteurs, les différentes étapes de la vie du poète, militant et amoureux de liberté.

Ce qui nous a marqué le plus dans ce spectacle est la dynamique énergie qui a animé les danseurs et les chanteurs. Beaux, talentueux et joyeux, une centaine de  jeunes ont animé le spectacle avec différents tableaux de divers styles. Modernisme mélangé harmonieusement avec tradition et classicisme. La grande découverte était, surtout, avec les nouvelles voix de chanteurs venus de l’institut supérieur de musique.

La musique était arrangée ingénieusement par Rachid Yeddes qui a pu émouvoir tous les goûts et les âges avec des rythmes du monde. Nous avons découvert sous un autre angle, totalement différent, les poèmes de Chebbi. La musique a pu traduire la volonté de vivre et les lendemains porteurs d’espoir que notre poète a toujours chanté à travers ses poèmes. Mais aussi nous avons retrouvé la solitude et la souffrance de Chebbi au cœur de la Tunisie à l’époque où notre pays connaissait l’occupation et le protectorat français.

Le matin nouveau est une œuvre d’une grande beauté plastique par la chorégraphie de Hatem Derbal qui a mis sous la lumière la relation profonde de Chebbi avec la femme. En effet, icône de la nation, de la muse, de la liberté et de la bien-aimée, la femme a pris, dans le spectacle, un rôle important. A travers des chanteuses de grand talent et de forte voix, la femme a été la motrice, porteuse d’espoir et de gloire dans les différentes étapes du spectacle. Cette vision est nouvelle par rapport aux précédentes écritures de la vie du poète Chebbi.

L’ouverture du Festival International de Carthage était à la hauteur des attentes. Elle était aussi et surtout à la hauteur du Festival, l’évènement culturel phare de l’année en Tunisie et dans le monde arabe. Nous espérons que ce début reflétera une grande réussite de toute l’édition.  

 Henda