Publié le 06-03-2018

La révolution tunisienne après 6 ans : De 'Acha3ab Yourid' à 'Cha3b EL Wiiiiw'

Après l’épopée du 14 janvier, tout le monde était persuadé que la Tunisie allait réaliser des progrès énormes sur tous les plans. Nos politiques avaient un autre avis.



La révolution tunisienne après 6 ans : De 'Acha3ab Yourid' à 'Cha3b EL Wiiiiw'

Lors de la révolution, on a assisté à des scènes honorables : Les gens font la queue pour payer les factures du STEG et de la SONEDE malgré l’absence de l’Etat, les jeunes même ceux considéré comme «délinquants» se sont mobilisés pour protéger les biens de leurs voisins, Ceux qui ont des voitures se sont déplacés gratuitement pour compenser le manque de transport en commun. En bref, il y avait les prémices d’une nation qui renaît.

Quelques jours plus tard, les partis commencent à se constituer, les hommes politiques commencent à venir des quatre coins du monde pour profiter de leur part de liberté.

Puisque il n’y avait pas de gâteau pour tout le monde, la campagne électorale a commencé très tôt.

Le parti Ennahdha a choisi la religion pour vulgariser son «programme électoral», les familles démunies et les personnes âgées ont été obligées de croire aux « paroles sacrées » et aux promesses d’emploi alors que l’enjeu était une assemblée constituante dont la tâche principale était d’écrire une constitution.

De l’autre côté, il y a avait les partis de gauche. Un nombre infini de formations pour défendre une seule idée. Pour mener leur campagne, ils ont choisi le «discours transversal» : laïcité, conception matérialiste de l'histoire et luthéranisme. Tout cela devant un peuple qui a du mal à manger convenablement.

Après les élections de 2011, Les slogans scandés lors de la révolution : emploi, liberté et dignité nationale se sont vite métamorphosés. En effet, le dialogue de sourds s'est imposé. On parlait désormais de l’excision et la polygamie. Les résultats sont bien évidement catastrophiques : taux de chômage très élevé, inflation, et pouvoir d’achat en baisse.

Après les élections de 2014, Beaucoup de choses ont changé – sur la forme bien sûr-. Sur les plateaux télé, on parle plutôt des problèmes de partis. Les gens se sont lassés d’entendre parler du bureau exécutif  et des clans de Nida Tounes, des déclarations utopiques d’EL Jabha et des questions existentialistes d’Ennahdha.

Le cirque continue et les jeunes sont complètement «out». Ils n’assistent pas aux meetings des partis et rares sont ceux qui se mobilisent dans des associations.

Pire encore, l’esprit révolutionnaire  semble tomber sur ses travers. Même ceux qui sont descendus dans les rues en janvier 2011 ont commencé à croire à la théorie du complot : « la révolution n’est qu’un coup d’Etat réalisé par l’OTAN … » Il y même ceux qui ont parlé du KGB et l’Armée rouge.

Tout cela était attendu. Puisque les gouvernements postrévolutionnaires n’ont pas donné une version officielle de ce qui s’est passé le 14 janvier, on a commencé à croire tout le monde, même les Trabesli..

Paradoxe, l’arrivée du facebooker Rabie bouden en Tunisie a secoué le monde des jeunes. Des centaines sont venus l’accueillir à l’aéroport tout en scandant « Lkolna Cha3b El wiw », sa fameuse blagu lancée sur les réseaux sociaux.

En fait, cette mobilisation a intrigué les «experts» : Comment un inconnu peut-il rassembler tant de jeunes autour de lui alors que les leaders politiques y ont failli

La réponse s’avère simple : L’accueil chaleureux réservé à Bouden n’est qu’une réaction contre la langue de bois des les politiciens toutes catégories confondues. Son discours simple et sympathique contraste avec la médiocrité de politiciens prônant des sujets qui ne concernent pas les jeunes.

Pourtant, plusieurs initiatives de jeunes ont germé au sein de la société civile et ont porté leurs fruits, même si leurs moyens étaient limités.

Moralité de l’histoire, les jeunes sont là avec leur créativité et leur désir de changement, mais les politiciens restent dans leur tour d'ivoire.

Zahreddine Berhima

 

 

 


 



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