Publié le 06-03-2018

Le groupe des 25 avocats : Agir contre un gouvernement incapable de rompre avec l’ancien régime

Une certitude : Depuis la Révolution, la Tunisie n'est plus la même… Avant, les avocats ont été parmi les premiers à descendre dans la rue contre le régime dictateur ayant  mis le pays à feu et à sang… Après, les avocats, qu’on applaudissait il y a quelques semaines, ont fait l’objet d’une vague de critiques et ont été accusés d’être opportunistes et profiteurs … 



Le groupe des 25 avocats : Agir contre un gouvernement incapable de rompre avec l’ancien régime

Dans un entretien avec Tuniscope, le jeune avocat M.Hammadi Maalaoui a parlé de  toutes les critiques posées sur les avocats après la Révolution, il a défendu de toute entorse ce métier noble avant d’évoquer les actions menées actuellement par les avocats pour purifier la Tunisie des moindres stigmates laissés par l’ancien régime bénaliste…

 

De nombreuses critiques se concentrent sur vous, autres avocats,  depuis quelques semaines. Comment réagissez-vous?

Les avocats sont habitués depuis fort longtemps aux critiques, ils les reçoivent donc de manière spontanée et continuent à protéger les acquis de la Révolution avec une entière détermination, une totale sérénité, un souci de rigueur afin de faire rejaillir la vérité. Beaucoup d'allégations, d'interprétations et de rumeurs ont surgi de partout pour nous accuser d’hypocrytes… Seuls les résultats de nos efforts seront de nature à faire rentrer la rivière dans son lit. On n’a jamais prétendu qu’on est les SEULS militants, mais nul ne peut nier qu’on a été sur les rênes de cette sacréee Révolution et que notre rôle se poursuit pour vérifier toutes les infractions qui ont été commises, suivre les criminels et veiller à rétablir la justice.

 

Pourquoi avez-vous fait l’objet d’une vague de critiques rudes menée par les comptables, les conseillers fiscaux et les huissiers notaires à cause d’un projet de loi qui a violé leur champs d’intervention et qui a marginalisé leurs métiers ?

Depuis l’élaboration de ce projet de loi, on a assisté à plusieurs critiques, commentaires et injures. Personnellement, j ai examiné de très près ce projet, notamment l’article 2 qui a fait couler beaucoup d’ancre… et je peux affirmer que c’est " un faux problème ". Les avocats qui sont en charge de la défense de l'intérêt général, qui sont les premiers gardiens des libertés individuelles doivent veiller à respecter les droits d’autrui, et non pas le contraire. Faute de législation, mais surtout faute de la répression qu’on a vécus  pendant de longues années à cause de la dictature de l’ancien régime, les avocats ont toujours subi de fortes pressions qui ont limité leurs tâches et les ont empêchés de garantir leur autonomie… Ceci a donné libre cours à plusieurs acteurs " intrus " qui ont refusé aujourd’hui que chacun reprenne ses droits, et je parle ici des comptables, des conseillers fiscaux et des huissiers notaires qui se sont acharnés contre nous parce qu’on voulait réglementer notre champs d’action, conformément à la loi …

 

Aujourd’hui, les avocats ont formé le groupe des 25 pour répondre à un gouvernement qui semble encore " incapable " de rompre avec l'ex-régime, pouvez vous nous en parler ?

Alors que notre révolution est prise en exemple, que le souffle de liberté qui a jaillit dans notre pays est entrain de balayer les dictateurs les plus impitoyables dans le monde arabe, les avocats sont encore en quête de justice… Le groupe de 25 a été créée depuis quelques temps par des avocats qui estiment que le gouvernement provisoire n'a pas la volonté de rompre avec l'ancien régime. Face à l’indifférence, le silence ou l’ignorance de ce gouvernement, on a décidé de lutter contre les véritables responsables des abus qui ont réussi à nuire à la Tunisie, durant des années sans pour autant être jugés. On a engagé des poursuites contre les symboles de la corruption qui existent encore, contre tous ceux qui sont en fuite , contre tous les responsables qui, malgré qu’ils n’ont pas les mains propres, continuent à travailler , et contre tous ceux qui tentent de en ralentir les investigations…

 

Quels sont les actions entretenues par ce groupe ?

Nous avons déposé des plaintes en justice concernant la corruption politique et financière et  les meurtres délibérés au cours de la révolution. Nous avons demandé d’engager des poursuites " réelles " et des mesures " décisives " et " applicables " contre le clan de Ben Ali et contre tous les symboles de la corruption. Le groupe des 25 a également remis en cause la crédibilité des membres du comité d’investigation sur les abus et la corruption qui laissent derrière eux des questions sans réponses…

 

On a également appris que l’ex-premier ministre M.Mohamed Gannouchi figure en tête de liste, quels sont vos reproches par rapport à son cas ?

Le groupe des 25 a demandé d’engager des poursuites contre des anciens ministres accusés d'avoir commis des crimes pendant l’ancien régime… Concernant, M.Mohamed Gannouchi les avocats ne reprochent pas seulement son silence douteux sur plusieurs affaires et son exécution des ordres de Ben Ali au passé , ils reprochent sa faible contribution à démasquer les personnes impliquées suite à la chute du régime de Ben Ali. Pendant qu’il était Premier ministre, M.Mohamed Gannouchi a perdu beaucoup de temps sans rien faire (40 jours), ce qui a poussé le pays vers le désordre et le cafouillage…

 

Quelques rumeurs circulent sur votre appel à la démission du ministre de la justice actuellemnt, est-ce vrai ?

Loin de tout esprit de vengeance ou de règlement de compte, plusieurs avocats ont fait appel à la démission du ministre de la justice et sont allés ( auparavant) à élire M.Frahat Rajhi pour ce poste. Actuellement la poussée en avant n’est pas terminée. Nous étions, et nous seront toujours, les défenseurs de la justice, de la liberté  dans un pays qui n’acceptera jamais d’être soumis au silence ou à la dictature …


H.Manel
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