Publié le 06-03-2018

En Inde, deux sœurs condamnées à être violées

Cette sentence barbare a été décidée par un conseil de village pour punir leur frère qui s'est enfui avec une femme mariée et d'une caste supérieure. Amnesty International se mobilise et lance une pétition en ligne.
 



En Inde, deux sœurs condamnées à être violées

Un jugement cruel et arbitraire. Un conseil de village indien rural, non élu et non officiel, a décidé de condamner deux sœurs à être violées et exhibées nues, le visage peint en noir, dans leur village.

Amnesty International qui a révélé cette histoire sordide, précise que ce «châtiment a été décidé par un conseil uniquement constitué d'hommes. Elle vise à punir leur frère qui s'est enfui avec une femme mariée (…) Rien ne justifie cette peine odieuse. Ce n'est pas juste. Ce n'est pas légitime et c'est illégal», s'indigne l'association de défense des droits de l'homme. «Nous demandons que les autorités locales interviennent immédiatement», ajoute l'association qui incite les internautes à signer la pétition en ligne.

Avant même que la vindicte populaire tombe, les deux jeunes femmes, Meenakshi Kumari, 23 ans, et sa petite sœur de 15 ans ainsi que leur famille avaient fui le district pour échapper aux représailles liées au départ de leur frère avec une femme mariée appartenant à une caste supérieure, celle des Jat. Les membres du conseil, qui ont rendu le jugement arbitraire, font partie de cette caste. «La décision des Jats est sans appel», confie à l'ONG un autre frère de la famille. Leurs craintes étaient fondées, car peu de temps après leur départ, leur maison avait été vandalisée, raconte Amnesty International. Les membres de la famille craignent maintenant pour leur vie.
La famille harcelée

L'une des sœurs a déposé une requête auprès de la Cour suprême pour demander sa protection, et son père a déposé une plainte auprès de deux organismes nationaux pour signaler que sa famille a été harcelée non seulement par la famille de la femme qui a fui, mais aussi par la police, précise l'ONG. Ils s'inquiètent également pour la sécurité de la femme Jat, qui serait enceinte du frère de Meenakshi.


Les conseils de villages non légaux sont légions dans les villages reculés d'Inde. Ils sont souvent composés d'hommes âgés qui appartiennent aux castes supérieures et veillent ainsi au maintien des règles et traditions héritées du système ancestral des castes en Inde. La Cour suprême du pays les a décrits comme des «tribunaux fantoches» et les considèrent comme illégaux. Mais dans certains États, ils continuent à fonctionner, et leurs peines sont appliquées, indique Amnesty International.
«Il faut agir maintenant pour demander que ce jugement révoltant ne soit pas appliqué», conclut Amnesty International. La pétition en ligne, qui vise 50.000 signatures, en comptait 44.300 seulement une journée après sa mise en ligne. Mais l'indignation internationale suffira-t-elle à éviter l'application de ce jugement?


Le Figaro

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