Publié le 06-03-2018

Cinq attentats déjoués en France ces derniers mois, selon Manuel Valls

Vingt-quatre heures après l'annonce d'une tentative d'attentat avortée, dimanche, visant des églises en région parisienne, le gouvernement continue d'occuper le terrain médiatique. Manuel Valls était l'invité de la matinale de France Inter, jeudi 23 avril au matin, où il a longuement évoqué la menace terroriste pesant sur le pays depuis les attaques de janvier en Ile-de-France.
 



Cinq attentats déjoués en France ces derniers mois, selon Manuel Valls

« De nombreux attentats ont déjà été déjoués, cinq compte tenu de l'attentat qui heureusement n'a pas eu lieu à Villejuif », a affirmé le premier ministre, ajoutant : « la menace n'a jamais été aussi importante, nous n'avons jamais eu à faire face à ce type de terrorisme dans notre histoire ».

Le suspect de l'attaque manquée a été arrêté fortuitement dimanche 19 avril. Blessé à la cuisse, il avait appelé le SAMU. La police, contactée par les secours comme il se doit en cas de blessure par arme, a trouvé dans le véhicule du jeune homme kalachnikov, arme de poing, gilet pare-balles, munitions et gyrophare.

En perquisitionnant son appartement dans le 13e arrondissement, les policiers ont également mis la main sur des documents écrits « établissant sans ambiguïté que l’individu projetait de commettre un attentat, vraisemblablement contre une ou deux églises », a précisé mercredi le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve. Plusieurs armes et des gilets tactiques laissent penser qu’il aurait pu avoir des complices.

Complicité en Syrie

Le premier ministre a évoqué jeudi une « liaison avec un individu qui pourrait être en Syrie, des échanges ont eu lieu, une commande a été passée sans doute pour cibler une église ». « Ce type d'individus n'agit pas seul, nous l'avons vu avec les attentats de janvier, il y a des réseaux, il y a ceux qui apportent un soutien logistique », selon Manuel Valls. « 1 573 Français ou résidents en France sont recensés pour leur implication dans ces filières terroristes », a-t-il rappelé, égrenant les chiffres :

« 442 se trouvent sans doute actuellement en Syrie, 97 y sont morts. La plate-forme d'appel permettant aux citoyens de signaliser des cas de radicalisation a enregistré déjà plus de 2 600 signalements, 630 ont été jugés très sérieux et examinés par des services spécialisés. [...] Je veux rappeler que 7 Français sont morts en action suicide en Syrie ou en Irak. »
Depuis 2012, « on considère que de 3 000 à 5 000 Européens sont sur place, et qu'à la fin de l'année, ce chiffre pourrait atteindre 10 000, cela veut dire que pas seulement la France est directement menacée, d'autres pays le sont », a mis en garde le premier ministre, évoquant un « projet d'attentat à Barcelone démantelé » récemment.

Défendre au passage la loi sur le renseignement

Manuel Valls en a profité pour défendre la loi sur le renseignement, qui doit être votée à l'Assemblée nationale le 5 mai, assurant qu'elle « aurait donné plus de moyens aux services de renseignement pour effectuer un certain nombre de surveillances », alors que le suspect arrêté dimanche était connu de la police, pour des velléités de départ en Syrie en 2014. Rien ne permettait de « justifier l'ouverture d'une information judiciaire », avait précisé Bernard Cazeneuve, mercredi matin, pour expliquer le fait qu'il n'ait pas fait l'objet d'une surveillance plus marquée.

Selon le premier ministre, la loi qui « encadre pour la première fois nos services de renseignement » permettrait de « leur donner les moyens d'être le plus efficace possible », sans toutefois préciser ce qui, dans le texte, le rend possible. « Est-ce que cela peut empêcher à cent pour cent un attentat ? Non bien sûr », a reconnu M. Valls qui s'est refusé à répondre sur les raisons qui ont fait que le projet d'attentat de dimanche soit resté en dehors des radars des autorités. « Laissons l'enquête faire son travail », a martelé le premier ministre.

Manuel Valls s'est défendu contre des accusations qui verraient dans ce texte « une loi de circonstance » dont la défense tomberait opportunément pour le gouvernement, alors que, pour montrer qu'il reprend la main sur le vif débat entourant cette loi contestée, François Hollande a annoncé, dimanche, qu'il saisirait le Conseil constitutionnel sur le texte, une première sous la Ve République.


le Monde

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