Publié le 30-12-2025
La facturation électronique peut-elle vraiment lutter contre l’économie informelle en Tunisie ?
L’État tunisien mise fortement sur la facturation électronique pour réduire l’ampleur de l’économie informelle, qui représente une part significative de l’activité économique nationale.

L’argument avancé est simple : la traçabilité numérique des transactions permettrait de limiter la fraude et d’instaurer davantage d’équité fiscale.
Cependant, cette approche soulève de nombreuses interrogations. Plusieurs spécialistes estiment que l’absence de facturation électronique n’est qu’une conséquence, et non la cause principale de l’économie informelle.
Selon eux, la pression fiscale élevée et la complexité des procédures administratives poussent de nombreuses entreprises à évoluer en dehors du cadre légal.
Les expériences internationales montrent que la facturation électronique peut être efficace, à condition qu’elle s’inscrive dans une réforme globale incluant la simplification des règles, l’allègement de la charge fiscale et la mise à disposition de solutions techniques accessibles, adaptées à la taille des entreprises.
Sans ces conditions, la facturation électronique risque de devenir un facteur de rejet plutôt qu’un outil de régulation.
En Tunisie, le défi est d’autant plus important que des centaines de milliers d’entreprises sont concernées simultanément, posant la question de la capacité réelle de l’infrastructure à absorber cette transition numérique.
Cela relance un débat central : faut-il une application immédiate et stricte, ou un déploiement progressif qui permette une adhésion durable sans fragiliser le tissu économique ?
De plus en plus de voix plaident aujourd’hui pour le dialogue et la progressivité, estimant que le succès de la facturation électronique ne se mesurera pas au nombre d’amendes infligées, mais au nombre d’entreprises qui y adhèrent volontairement.
