Publié le 25-12-2025

Entrepreneuriat féminin : un potentiel sous-exploité

Source : Rapport National sur l’Entreprise en Tunisie – Année 2025, première édition, publié par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE). Données issues du Registre National des Entreprises (RNE), de la Direction Générale des Impôts (DGI) et des enquêtes de la Banque mondiale.



Entrepreneuriat féminin : un potentiel sous-exploité

En Tunisie, l’entrepreneuriat féminin progresse, mais reste loin de son potentiel réel. Les femmes sont de plus en plus présentes dans le tissu économique, que ce soit comme propriétaires, dirigeantes ou salariées. Pourtant, leur contribution demeure structurellement sous-exploitée, freinée par des obstacles persistants d’ordre financier, institutionnel et culturel.

Une présence réelle, mais encore marginale

Les données du rapport montrent que les femmes représentent une part limitée des dirigeants d’entreprises, en particulier dans les structures de taille moyenne et grande. Si l’on observe une meilleure représentation féminine dans les micro-entreprises, cette présence diminue à mesure que la taille de l’entreprise augmente.

Autrement dit, plus l’entreprise est structurée et stratégique, moins les femmes y accèdent aux postes de décision. Ce déséquilibre reflète une difficulté non pas à entreprendre, mais à changer d’échelle.

Des performances souvent sous-estimées

Contrairement aux idées reçues, les entreprises détenues ou dirigées par des femmes affichent des niveaux de gestion rigoureuse, de stabilité de l’emploi et de résiliencecomparables, voire supérieurs, à la moyenne. Le rapport souligne notamment une forte implication féminine dans l’emploi formel et la gestion durable des ressources humaines.

Le problème n’est donc pas la capacité, mais l’accès aux leviers de croissance: financement, marchés publics, réseaux d’affaires et accompagnement stratégique.

Financement et réseaux : les principaux freins

L’accès au financement demeure l’un des obstacles majeurs. Les entrepreneures rencontrent plus de difficultés à obtenir des crédits bancaires, souvent en raison de garanties insuffisantes ou d’un manque d’historique financier. À cela s’ajoute une sous-représentation dans les réseaux économiques et décisionnels, qui jouent pourtant un rôle clé dans la croissance des entreprises.

Ces freins contribuent à maintenir une grande partie de l’entrepreneuriat féminin dans des secteurs à faible valeur ajoutée, limitant ainsi son impact économique global.

Un levier de croissance encore inexploité

Dans un contexte de ralentissement économique et de pression sur l’emploi, ignorer le potentiel de l’entrepreneuriat féminin représente un coût économique invisible. Favoriser l’accès des femmes à l’entrepreneuriat structuré, à l’investissement et à l’innovation permettrait d’élargir la base productive, de renforcer l’emploi qualifié et de stimuler la croissance inclusive.

Le rapport insiste sur la nécessité d’intégrer pleinement l’entrepreneuriat féminin dans les politiques économiques, non pas comme un sujet social, mais comme un enjeu stratégique de compétitivité.

Passer de l’intention à l’impact

L’entrepreneuriat féminin en Tunisie ne manque ni de talents, ni d’initiatives. Ce qui fait défaut, ce sont des conditions équitables de développement. Tant que les femmes resteront cantonnées aux marges du tissu productif structuré, l’économie tunisienne se privera d’un levier essentiel de croissance.

Transformer ce potentiel sous-exploité en impact réel suppose un changement de regard, mais surtout des actions concrètes: financement adapté, accompagnement ciblé et accès équitable aux opportunités économiques.



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