Publié le 25-12-2025

PME tunisiennes : la clé oubliée de la relance économique

Publié par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE), le Rapport National sur l’Entreprise en Tunisie 2025 dresse, pour la première fois, un diagnostic approfondi du tissu entrepreneurial tunisien et de son rôle dans la croissance économique, la création d’emplois et la soutenabilité budgétaire.



PME tunisiennes : la clé oubliée de la relance économique

 

En Tunisie, le débat économique se concentre souvent sur deux extrêmes : la micro-entreprise, omniprésente mais fragile, et la grande entreprise, rare mais stratégique. Entre les deux, un acteur essentiel reste sous-estimé dans les politiques publiques comme dans le débat médiatique : la PME tunisienne.

Un poids réel, mais une reconnaissance limitée

Les PME ne représentent qu’environ 12 % des entreprises employeuses, mais elles concentrent près de 40 % de l’emploi formelet une part significative de la valeur ajoutée nationale. Elles constituent le véritable pilier intermédiairedu tissu économique : plus structurées que les micro-entreprises, plus agiles que les grandes sociétés, elles sont capables d’innover, d’exporter et de créer de l’emploi durable.

Pourtant, leur rôle reste largement sous-valorisé. Les dispositifs d’aide sont souvent pensés soit pour l’auto-entrepreneuriat de survie, soit pour les grands projets industriels, laissant les PME dans une zone grise stratégique.

Le vrai problème : grandir en Tunisie est difficile

Créer une entreprise en Tunisie est relativement accessible. La faire grandir, beaucoup moins.
Les PME font face à plusieurs obstacles structurels :

  • Accès limité au financement, souvent conditionné à des garanties élevées
  • Faible capacité d’investissement, notamment en technologie et en innovation
  • Pression fiscale concentrée, accentuée par la concurrence de l’informel
  • Manque d’intégration dans des chaînes de valeur structurées, locales ou internationales

Résultat : beaucoup d’entreprises stagnent volontairement sous un certain seuil de taille pour éviter les contraintes administratives, fiscales et sociales liées à la croissance.

PME et développement régional : un lien direct

Les données montrent un constat clair : les régions qui progressent économiquement sont celles qui disposent d’un noyau de PME solides, parfois soutenues par une ou deux grandes entreprises structurantes.
À l’inverse, les territoires dominés par une multitude de micro-unités peu productives restent en bas des indicateurs de développement, malgré un nombre élevé d’“entreprises” sur le papier.

La PME joue ici un rôle clé : elle structure l’emploi, diffuse les compétences, crée des écosystèmes locaux et stabilise l’économie régionale.

Relancer l’économie sans les PME : une illusion

Parler de relance économique sans stratégie claire en faveur des PME est une illusion.
La Tunisie n’a pas besoin uniquement de créer plus d’entreprises, mais de faire émerger plus de PME performantes, capables de devenir demain des entreprises de taille intermédiaire ou des champions sectoriels.

Cela suppose :

  • une politique de financement ciblée sur la croissance,
  • un environnement réglementaire incitatif,
  • une fiscalité plus équitable,
  • et un soutien réel à l’innovation et à l’export.

Conclusion : remettre la PME au cœur du pacte économique

La PME tunisienne n’est ni un acteur secondaire, ni une simple étape transitoire. Elle est la clé oubliée de la relance, le chaînon indispensable entre l’économie de survie et l’économie de performance.

Sans un choix politique clair en faveur de leur montée en gamme, la Tunisie continuera à créer beaucoup… mais à croître peu.



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