Publié le 18-12-2025
Faux voyages vers la Tunisie : une fraude massive a secoué l’Algérie
Allocation touristique : une fraude d’ampleur inédite impliquant de fausses destinations vers la Tunisie a été révélée par les autorités algériennes.

Le ministre de l’Intérieur, Saïd Sayoud, a levé le voile sur un détournement massif de l’allocation touristique de 750 euros, accordée aux citoyens algériens pour leurs voyages à l’étranger.
S’exprimant devant l’Assemblée populaire nationale, le ministre a expliqué que plusieurs agences de voyages ont simulé des séjours touristiques vers la Tunisie afin de permettre à des bénéficiaires d’obtenir l’allocation, sans quitter réellement le territoire algérien. Cette affaire éclaire les récentes décisions de la Banque d’Algérie, qui a annoncé un durcissement des conditions d’octroi de cette allocation, instaurée en 2024 par le président Abdelmadjid Tebboune.
Le déclencheur de l’enquête a été le blocage soudain de bus d’agences de voyages à destination de la Tunisie. Selon Saïd Sayoud, près de 5 000 bus ont traversé la frontière algéro-tunisienne durant les mois de novembre et décembre, un flux jugé anormal. « Ce phénomène a également interpellé nos frères tunisiens », a-t-il précisé, évoquant des discussions officielles lors d’une récente visite gouvernementale en Tunisie.
L’enquête a permis de dévoiler un modus operandi frauduleux : des voyageurs étaient acheminés jusqu’en Tunisie uniquement pour faire tamponner leur passeport, avant d’être ramenés en Algérie par des passages non gardés. Le ministre a révélé qu’environ 100 000 personnes inscrites au chômage ont été utilisées comme bénéficiaires fictifs de cette allocation durant cette période.
Pour démontrer le caractère fictif des voyages, les autorités ont autorisé les bus bloqués à entrer en Tunisie à vide afin de récupérer les voyageurs supposés s’y trouver. Aucune agence n’a cependant formulé de demande. « Cela prouve qu’aucun citoyen ne se trouvait réellement en Tunisie », a affirmé le ministre, déplorant que cette allocation, destinée à aider les familles algériennes, ait été transformée en véritable malédiction.
Malgré la gravité des faits, le gouvernement assure que l’allocation touristique n’est pas remise en cause. Saïd Sayoud a rappelé qu’il s’agit d’un droit du citoyen algérien, tout en soulignant la nécessité de mettre en place des mécanismes réglementaires pour empêcher tout nouveau détournement, notamment par l’utilisation obligatoire de cartes bancaires afin d’assurer une meilleure traçabilité.
Face à l’ampleur du trafic, la Banque d’Algérie a publié de nouvelles directives visant à rationaliser les circuits de paiement. Désormais, l’octroi du droit de change est conditionné par la détention d’un compte bancaire. Le paiement en espèces est interdit, seuls le chèque et la carte bancaire CIB étant autorisés, plaçant les banques au cœur du dispositif de vigilance financière.
Un nouvel ajustement a été communiqué aux établissements bancaires, précisant que la contre-valeur en dinars doit être encaissée exclusivement par la banque du bénéficiaire. Cette mesure vise à renforcer la traçabilité des opérations et à limiter toute intermédiation frauduleuse.
Sur le plan social, la riposte s’intensifie. Le ministère du Travail a annoncé que l’Agence nationale de l’emploi engagera des poursuites judiciaires contre les bénéficiaires de l’allocation chômage impliqués. Les enquêtes ont révélé que plusieurs chômeurs ont servi de prête-noms à des réseaux criminels. Les autorités affirment vouloir ainsi protéger les deniers publics et sanctionner toute collusion avec ces pratiques frauduleuses.
