Publié le 11-12-2025
Pierre Jacquet : La recherche doit s’incarner pour influencer l’action publique
Lors de la deuxième édition de Parlo Echo, Pierre Jacquet, professeur d’économie à l’École Nationale des Ponts et Chaussées, a partagé sa réflexion sur le lien entre recherche scientifique et politiques publiques.
Selon lui, si la recherche est essentielle pour éclairer les décisions, sa production seule ne garantit pas son impact. « Les modèles économiques sont incertains, et la causalité entre dépenses de recherche et croissance n’est pas automatique », a-t-il expliqué. La recherche peut fournir des outils et des analyses, mais les choix finaux relèvent toujours de la société et de ses décideurs.
Un rôle distinct pour chercheurs et décideurs
M. Jacquet insiste sur la distinction entre le travail du chercheur et celui du décideur : le chercheur produit des connaissances rigoureuses, systématiques et contrôlées, identifie des problèmes et en explique la complexité. Le décideur, lui, doit agir et arbitrer entre des priorités souvent contradictoires — chômage, inflation, déficit public — en prenant des risques que la science ne peut décider à sa place.
L’importance de la médiation
Pour que la recherche soit réellement utile, elle doit passer par des médiateurs : think tanks, institutions de recherche indépendantes, médias et formateurs scientifiques. Ces acteurs traduisent et vulgarisent les résultats pour les rendre accessibles aux décideurs et à l’opinion publique. « La connaissance scientifique est un bien public, mais son utilisation locale nécessite des compétences et des structures adaptées », souligne-t-il.
Former, éduquer et construire un écosystème
M. Jacquet insiste sur la formation et l’éducation à la recherche. « Comprendre comment poser des problèmes et utiliser des méthodes scientifiques est indispensable, non seulement pour les chercheurs, mais pour tous ceux qui participent à l’écosystème de la décision publique », explique-t-il.
Déficit de recherche dans les pays en développement
Enfin, il met en lumière le déséquilibre mondial : la majorité des études sur le développement se concentrent dans les pays riches, laissant un vide dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire. Pour combler ce déficit, il est crucial de développer les capacités locales, afin que la recherche puisse s’incarner et influencer réellement l’action publique.
