Publié le 25-08-2022

Macron en Algérie: entre gaz et visas, une visite lourde d’enjeux

Au cours de son déplacement en Algérie qui débute ce jeudi, Emmanuel Macron abordera avec le Président Tebboune le conflit "en Ukraine et son impact sur la sécurité énergétique de l’Europe, le gaz algérien et la sécurité au Sahel", affirme Riadh Sidaoui, directeur du CARAPS à Genève.



Macron en Algérie: entre gaz et visas, une visite lourde d’enjeux

Sur fond d’une crise diplomatique qui dure depuis plusieurs mois entre l’Algérie et la France, Emmanuel Macron se rendra du 25 au 27 août à Alger, à l’invitation de son homologue Abdelmadjid Tebboune, a annoncé l’Élysée samedi 20 août. La visite est destinée à relancer le partenariat entre les deux pays, indique la même source.

Dans un entretien à Sputnik, Riadh Sidaoui, politologue et directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales (CARAPS) à Genève, explique qu’au-delà des questions relatives à la mémoire, aux visas et au conflit au Sahara occidental, la visite du chef de l’État français est lourde d'enjeux géostratégiques.

"La guerre en Ukraine et le gaz algérien"

"Certainement, seront présentes sur la table des discussions sur la question de la guerre en Ukraine et son impact sur la sécurité énergétique de l’Europe, le gaz algérien notamment à l’aune de la signature de l’accord sur le gazoduc reliant le Nigeria à l’Algérie en passant par le Niger", explique M.Sidaoui. Et d’ajouter: "la sécurité et la lutte antiterroriste au Sahel, dans le contexte de la fin de l’opération Barkhane au Mali, qui s’est tourné vers la Russie, et le redéploiement des forces françaises à Niamey, au Niger".

Par ailleurs,Sidaoui affirme que "le Président français devra expliquer aux autorités algériennes le choix du redéploiement des forces de l’opération Barkhane au Niger et donner des garanties qu’elles seront un facteur de renforcement de la sécurité, de la stabilité et de la lutte antiterroriste, étant donné que le tracé du gazoduc Nigeria-Algérie passe par le Niger, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, Niamey. Il faut rappeler qu’une bonne partie du gaz qui sera fourni par ce pipeline servira à alimenter le marché européen, où la concurrence ne cesse d’augmenter entre les principaux partenaires de l’Algérie: l’Italie, l’Espagne et la France.

À ce titre, Macron devrait être clair sur la question du paiement de rançons aux groupes terroristes et sur la remise en liberté de djihadistes dans le cadre d’accords pour libérer des otages".
 

Le gaz en contrepartie d’investissements dans la prospection?

Concernant les gisements de gaz algérien dans le sud du pays, Riadh Sidaoui rappelle qu’aujourd’hui, "ni l’Algérie ni aucun autre pays ne peut remplacer le gaz que la Russie fournit à l’Europe. Donc le seul moyen pour faire en sorte que l’Algérie puisse augmenter ses exportations en gaz vers l’Europe, tout en continuant à satisfaire la demande interne qui ne cesse d’être revue à la hausse, est d’investir lourdement dans la prospection et le développement de nouveaux gisements".

Et d’insister: "la Société nationale algérienne des hydrocarbures (Sonatrach) ne portera en aucun cas préjudice à ses gisements actuels juste pour faire plaisir aux Européens. Les autorités actuelles algériennes estiment que ces gisements appartiennent d’abord aux générations futures".
Quid de la question mémorielle?

Pour ce qui est de la question mémorielle, le chercheur rappelle qu’"Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de la France dans l’assassinat du militant communiste Maurice Audin et de l’avocat Ali Boumendjel. Il a également ouvert une partie des archives coloniales, notamment celle concernant les disparus, et restitué 24 crânes d’insurgés algériens entreposés auparavant au Muséum national d’histoire naturelle de Paris".

Sputnik
 



Dans la même catégorie