Publié le 04-07-2022

Sadok Belaïd dans ‘’le monde’’ : la nouvelle constitution est dangereuse

Sadok Belaïd, le président de la commission consultative sur la nouvelle Constitution, dénonce, dans un entretien au « Monde », le texte finalement retenu par le chef de l’Etat Kaïs Saïed.



Sadok Belaïd dans ‘’le monde’’ : la nouvelle constitution est dangereuse

Le constitutionnaliste Sadok Belaïd, ancien doyen de la faculté des sciences juridiques de Tunis dans les années 1970, avait été nommé fin mai par le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, à la tête de la commission consultative chargée de rédiger la nouvelle Constitution. Il a remis le 20 juin au chef de l’Etat son rapport sur le projet de Loi fondamentale qui devrait être soumis au référendum le 25 juillet, premier anniversaire du coup de force de M. Saïed à la faveur duquel ce dernier avait imposé un régime d’exception.

Or le texte rendu public le 30 juin par le chef de l’Etat, s’il s’inspire des propositions de M. Belaïd sur un renforcement des pouvoirs présidentiels, s’en éloigne sur un certain nombre de points. Dans un entretien au Monde, M. Belaïd prend ses distances avec le projet présidentiel, qu’il juge « dangereux ». Le constitutionnaliste dénonce en particulier le risque que s’établisse une « dictature sans fin au profit du président actuel ». Il s’inquiète en outre d’une possible « reconstruction du pouvoir des religieux » et donc d’un « retour aux âges obscurs de la civilisation islamique ». Il s’alarme enfin du risque d’« anarchie » avec l’idée de M. Saïed de « la construction de la démocratie par la base ».


Quelle est votre réaction au projet de Constitution du chef de l’Etat qui était censé s’inspirer de votre propre avant-projet remis le 20 juin ?

Je regrette qu’il y ait une très grande distance entre les deux textes.


Qu’est-ce qui pose problème à vos yeux ?

D’abord, la relance d’une polémique inutile sur l’identité nationale. Ensuite, éparpillée sur l’ensemble du texte, la tendance à la tyrannisation du pouvoir.
La tyrannisation ? Vous dites que le pouvoir risque de devenir une tyrannie dans le projet présidentiel ?

En effet, le pouvoir est en train de s’orienter, à travers le soi-disant principe du présidentialisme, vers l’établissement d’une sorte de dictature sans fin dans le pays au profit du président actuel. Le texte présidentiel peut lui donner la tentation de renouveler son mandat après son expiration en cas de « danger imminent ».


(propos recueillis par le monde- extrait)
 



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