Publié le 14-03-2022
Instagram bloqué en Russie...Une instagrameuse en larmes (vidéo)
À l’instar de Facebook et Twitter, Instagram sera bloqué ce dimanche à partir de 20 heures, heure française. Au lieu d’un blocage immédiat, il avait été accordé un délai de deux jours pour permettre aux utilisateurs de transférer leurs contenus vers d’autres plateformes.

« Où vais-je pouvoir tuer le temps ? Que vais-je faire ? Tout le monde est sur Instagram… » Ekatérina Makarova, une employée dans la logistique de 28 ans, habite Saint-Pétersbourg. Elle est presque affolée : dimanche soir (20 heures, heure française), après le blocage de Facebook et de Twitter, c’est Instagram qui deviendra inaccessible dans toute la Russie. Une décision prise par Moscou après l’autorisation de Meta – la maison mère du réseau social – d’autoriser les appels à la haine contre les soldats russes.
« J’irai peut-être sur VKontakte et sur Telegram, peut-être qu’ils ne seront pas bloqués », se rassure Ekatérina Makarova, nommant respectivement l’équivalent russe de Facebook et une messagerie cryptée également très utilisés en Russie.
La vidéo d’une « influenceuse » russe pleurant à chaudes larmes sur le blocage à venir est devenue virale, certains internautes l’accusant d’indécence au regard de ce que vivent les civils en Ukraine.
« Tu n’as qu’à déménager à Kharkiv, Instagram fonctionne encore là-bas », ironise un internaute, citant la deuxième ville d’Ukraine encerclée par les forces russes et en proie à de furieux combats.
Karina Nigaï, une blogueuse mode suivie par près de trois millions de personnes sur Instagram, compare sa peine à un deuil : « J’en suis toujours au stade de la colère et le stade de l’acceptation est encore loin », écrit-elle, prenant toutefois soin de rediriger ses abonnés vers ses comptes VKontakte et Telegram. Au lieu d’un blocage immédiat, le régulateur des télécommunications russes Roskomnadzor avait accordé un délai de deux jours à Instagram pour permettre aux utilisateurs de transférer leurs contenus vers d’autres plateformes.
« J’irai sur Telegram ! »
Comme dans le reste du monde, Instagram est une plateforme extrêmement populaire en Russie auprès de la jeunesse, qui y diffuse compulsivement photos et vidéos. « Il y a des blogueurs qui gagnent de l’argent » sur Instagram, donc le blocage, « ce n’est pas génial pour eux », souligne Anastassia Malova, étudiante de 23 ans. « Mais pour moi, personne normale qui y partage parfois des choses sur sa vie, ça ne m’affecte pas beaucoup. »
Comme elle, certains utilisateurs semblent s’être fait une raison. « S’ils le ferment, alors qu’ils le fassent, j’irai sur Telegram ! » lance, bravache, Alexeï Garkoucha, un peintre de 41 ans. « On vivra sans ! » renchérit Nikolaï Ermenko, un ingénieur de 45 ans.
Victoria Lilova, une enseignante de 29 ans, ne va pas en souffrir « personnellement », mais elle se « sent triste pour les organisations caritatives, car elles récoltent beaucoup d’argent sur Instagram ». Alexandra Mitroshina, une influenceuse qui compte plus de 2,4 millions d’abonnés sur Instagram, s’inquiète, elle, « pour les petites et moyennes entreprises dont les affaires sont liées à Instagram ».
Les autorités avaient annoncé vendredi qu’elles restreindraient l’accès à Instagram en Russie à partir de minuit lundi, l’accusant de propager des discours de haine contre les Russes, en pleine offensive militaire en Ukraine. Le géant américain Meta, qui possède Instagram ainsi que Facebook et WhatsApp, avait annoncé la veille faire des exceptions à son règlement sur l’incitation à la violence en ne supprimant pas des messages hostiles à l’armée et aux dirigeants russes.
AFP
One of the #Russian bloggers cries that in two days her Instagram will stop working
— NEXTA (@nexta_tv) March 11, 2022
She does not care at all about the thousands of dead people, including her compatriots. Obviously, her biggest worry right now is that she won't be able to post pictures of food from restaurants. pic.twitter.com/LSdBiSlwHr