Publié le 10-03-2022
Ukraine : indignation après le bombardement d'un hôpital pour enfants causant trois morts
«Barbare», «immoral», «crime de guerre» : le bombardement d'un hôpital pédiatrique par les forces russes dans la ville assiégée de Marioupol a provoqué l'indignation des autorités ukrainiennes et des Occidentaux, alors que l'armée russe se rapprochait jeudi 10 mars de Kiev, selon l'état-major ukrainien.

Cette attaque, qui a fait 3 morts, dont une fillette et 17 blessés, est intervenue à la veille des discussions, jeudi en Turquie, entre les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, leur premier face-à-face depuis le début de l'offensive russe en Ukraine il y a deux semaines. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a condamné un «crime de guerre», a partagé des vidéos montrant la destruction - après un raid aérien - de l'établissement, qui abritait une maternité et un hôpital pédiatrique, à Marioupol, port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est). On peut voir l'intérieur de bâtiments soufflés, des débris, des feuilles de papier et des morceaux de verre jonchant le sol.
Le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal a dénoncé des frappes «inhumaines et lâches». «Ce sont des femmes, des enfants, des soignants qui ont été ciblés, c'est inqualifiable et nous appelons à nouveau au cessez-le-feu», a-t-il déclaré sur RTL. La Maison Blanche a de son côté dénoncé un usage «barbare» de la force contre des civils, et le premier ministre britannique Boris Johnson a qualifié le bombardement d'«immoral». «Il n'y a aucun enfant» parmi les blessés et «aucun mort», selon un bilan fourni par les autorités locales. Le bombardement s'est produit alors que des femmes étaient en train d'accoucher dans l'hôpital, qui venait d'être rééquipé, a indiqué à l'AFP un membre de l'administration militaire de la région de Donetsk.
Le gouvernement russe n'a pas nié l'attaque, mais a affirmé que des «bataillons nationalistes» ukrainiens utilisaient l'hôpital comme base de tirs. Les neuf jours de siège de Marioupol ont déjà fait 1207 morts, a affirmé mercredi soir la mairie. Dans son dernier bilan mercredi, l'ONU a estimé que 516 civils ont été tués et plus de 800 blessés en Ukraine depuis le début de l'invasion, qui a jeté sur les routes de l'exil plus de deux millions de réfugiés.
Encercler Kiev
Dans un point sur la situation à minuit locale (22h GMT mercredi), l'État-major ukrainien a indiqué que les forces russes poursuivaient leur «opération offensive» pour encercler Kiev, tout en attaquant sur d'autres fronts les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy, d'Okhtyrka, ou dans les régions de Donetsk et Zaparojie. Des colonnes de chars russes ne se trouvaient plus mercredi qu'à une quinzaine de kilomètres, à proximité de Brovary.
À 30 km de cette localité, des combats ont également eu lieu près de Rusaniv, ont dit à l'AFP des soldats ukrainiens. «Les colonnes de chars russes ont pris hier deux villages à quelques kilomètres. Ils tirent pour effrayer les gens et les forcer à rester chez eux, volent ce qu'ils peuvent pour se ravitailler et s'installent au milieu des habitants, pour ne pas que les forces ukrainiennes les bombardent», a raconté à l'AFP Volodymyr, qui habite non loin de Brovary.
Le chef de l'administration militaire de la région de Soumy, Dmytro Jivitsky a indiqué jeudi que deux femmes et un garçon de 13 ans venaient d'être tués lors d'un bombardement nocturne à Velyka Pysarivka.
Il a aussi annoncé que trois couloirs humanitaires, avec au point de départ différent, devraient ouvrir jeudi pour évacuer des habitants de la région vers la ville de Poltava.
La Russie et l'Ukraine se sont entendues mercredi sur des cessez-le-feu pour permettre d'établir des couloirs humanitaires autour de zones durement frappées ces derniers jours par les combats, qui ont obligé les civils à rester parfois des jours cachés dans des caves. Au moins 35.000 civils ont été évacués mercredi de Soumy, d'Enerhodar et de zones proches de la capitale Kiev, a annoncé le président Zelensky mercredi soir.
Plusieurs couloirs étaient également prévus afin de laisser se replier, vers Kiev, les habitants de villes à l'ouest de la capitale. Jeudi, Serguei Lavrov et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba seront reçus par le ministre turc Mevlut Cavusoglu à Antalya (sud), station balnéaire prisée des touristes russes.
AFP