Publié le 06-03-2018

L’ambassadeur de l'UE : Face aux turbulences régionales, l’Europe ne veut pas perdre le soldat Tunisie

Dans un entretien accordé au Monde Afrique, l’ambassadeur de l'Union européenne à Tunis, M. Patrice Bergamini, a plaidé pour une transition économique en Tunisie qui lui permettrait de mieux « se protéger de la détérioration de l’environnement régional » et a critiqué les positions d’ententes et de monopoles en Tunisie qui, selon lui, entravent une transition économique aujourd’hui à la traîne par rapport à la transition politique. 



L’ambassadeur de l'UE : Face aux turbulences régionales, l’Europe ne veut pas perdre le soldat Tunisie

M. Patrice Bergamini a déclaré que la Tunisie est aujourd’hui moins équipée socialement et économiquement qu’elle devrait l’être pour se protéger des turbulences en Libye ou demain peut-être en Algérie.

« En 2020, la direction politique de ce pays aura encore moins le choix et moins le temps qu’en 2014 ou en 2016 », a-t-il dit. Il a ajouté que les vainqueurs des prochaines élections législatives et présidentielle,quelles que soient leurs obédiences politiques, seront placés face à un choix : soit ils comprennent qu’il faut faire évoluer un modèle économique faisant la part trop belle aux positions monopolistiques, soit ils ne le comprennent pas et dans ce dernier cas, oui, il y aura une inquiétude.

« Le pari de l’Union européenne, surtout en cette année électorale, c’est de veiller à ce que la Tunisie soit la mieux équipée possible – socialement, politiquement, économiquement – en cas de dégradation accrue de la situation régionale, qu’il s’agisse de son environnement immédiat ou un peu plus lointain », a déclaré l’ambassadeur de l'UE en Tunisie, dans son entretien accordé au Monde Afrique, en précisant que « la Tunisie est, par habitant, le pays au monde le plus soutenu par les Européens ». 

Par ailleurs, Il a estimé que le concept de l’Aleca est « très attaqué en ce moment en raison de la campagne électorale tunisienne, mais sur des arguments infondés, mal renseignés ou de mauvaise foi »

« Quand on parle de libre concurrence, loyale et transparente, c’est d’abord entre opérateurs tunisiens. Si l’on doit aider la transition économique, la forcer, la pousser, c’est parce qu’il y a des positions d’entente, de monopoles. Certains groupes familiaux n’ont pas intérêt à ce que de jeunes opérateurs tunisiens s’expriment et percent », a-t-il dit.

M. Patrice Bergamini a affirmé qu'il n’y a que de très bonnes intentions de la part de l’Europe à l’endroit du dossier tunisien. «Parce que l’on sait que cette transition ne pourra marcher que s’il y a une transition économique, que s’il y a une redistribution de la richesse nationale. Mais aussi parce que l’on sait que l’environnement régional fait qu’il pourrait y avoir urgence. Et on ne veut pas perdre le soldat Tunisie en cours de route».
 



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