Publié le 06-03-2018

La crise de liquidité en Tunisie pèsera sur les crédits bancaires en Tunisie

Les conditions d'exploitation seront difficiles pour les banques tunisiennes malgré le retour de la croissance selon l’agence Moody’s



La crise de liquidité en Tunisie pèsera sur les crédits bancaires en Tunisie

Les conditions d'exploitation en Tunisie resteront tendues en 2019, ce qui pèsera sur la qualité et la rentabilité des actifs des banques, a annoncé aujourd'hui l'agence de notation dans un rapport.

"Alors que la croissance du PIB en Tunisie passera de 2,5% en 2018 à 3% en 2019, elle reste bien en deçà des niveaux de 4-5% d'avant 2011, ce qui pèse sur les banques du pays", estime Badis Shubailat, analyste chez Moody's. "En outre, le déficit de la balance courante reste important, à près de 10% du PIB, ce qui s'est traduit par une diminution des réserves de change et une dépréciation de la monnaie locale".

Ces pressions vont peser sur les profils de crédit globaux des banques, principalement du fait de la dégradation de la qualité des actifs et de la rentabilité, via une croissance plus faible des prêts.

Les prêts improductifs resteront élevés en 2019 (environ 14% à compter de mars 2018), la croissance du crédit ralentissant et les efforts visant à réduire les créances irrécouvrables étant neutralisés par la constitution de nouveaux prêts improductifs en raison de l'environnement opérationnel difficile et de la hausse des taux d'intérêt.

Le rendement des actifs restera sous pression, car la concurrence pour les dépôts et l’augmentation des besoins en provisionnement l'emportent sur les avantages d'une hausse des taux d'intérêt. Le ratio de fonds propres de catégorie 1 signalé à l'échelle du secteur était de 8,9% en mars 2018, ce qui est faible compte tenu des PNP toujours élevés et des tampons de provisionnement modestes.

La dépendance vis-à-vis du financement de la banque centrale restera élevée. La Banque centrale de Tunisie (CBT) libérera progressivement son aide en liquidités, ce qui aggravera les pénuries de financement si le recouvrement des dépôts ne se fait pas simultanément.

Des déséquilibres économiques persistants pourraient amener le gouvernement à devenir plus sélectif dans son soutien au système bancaire.



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