Publié le 06-03-2018

Les nahdhaouis de l’université face aux journalistes : Les malentendus s’installent !

Au cours d’une conférence tenue hier au siège d'Ennahdha, les journalistes ont été conviés au lancement "officiel " du mouvement estudiantin baptisé " La jeunesse d’Ennahdha à l’université".  Avec la présence en nombre d’étudiants et de partisans d’Ennahdha, les journalistes étaient entassés dans une petite salle et avaient du mal à travailler et exercer leurs tâches dans les règles de l’art, surtout avec les vives applaudissements de complaisance et les commentaires "déplacés" venant de ces " invités" tout au long de la conférence…  



Les nahdhaouis de l’université face aux journalistes : Les malentendus s’installent !

Après quelques désaccords voire même des "disputes" dans la salle, la conférence a bel et bien commencé avec la lecture du coran, rituel auquel s’attachent les nahdhaouis depuis leurs toutes premières rencontres avec les médias…

 

Avant de présenter " La jeunesse d’Ennahdha à l’université" , Abdel Karim El Harouni a pris la parole pour rappeler le militantisme des jeunes d’Ennahdha et pour glorifier leur rôle à travers l’Histoire, partant des événements du 9 avril et arrivant à la Révolution du 14 janvier. Les partisans de ce parti et les étudiants, dont le nombre dépassait largement celui des journalistes dans la salle, ont vivement applaudi leur porte parole et leur parti, chose qui s’est répétée plusieurs fois et qui a dérangé les journalistes qui étaient là pour travailler !!!

Abdel Karim El Harouni a longuement insisté sur le rôle primordial des jeunes d’Ennahdha dans la révolution qui a mis le pays sur une nouvelle voie de démocratie, de justice et de liberté… Parlant de liberté, ce monsieur a annoncé que la devise d’Ennahdha aujourd’hui serait la suivante : " On exige la liberté à l'université, comme on exige la liberté de ce pays.  L’université est l’avenir , pour la protéger on veillera à mettre fin à la tyrannie et à l’oppression. La jeunesse d’Ennahdha veut que l’université soit un endroit qui respecte les libertés de pensée et d’expression et le droit à la manifestation pacifique et au regroupepment…"

Zied Bou Nakhla, représentant de La jeunesse d’Ennahdha à l’université a ensuite pris la parole pour s’étaler sur les objectifs de ce mouvement estudiantin qui semble avoir une baguette magique pour tout faire et défaire :

" Notre présence à l’université permettra de trouver les solutions à une université qui souffre d’une crise structurelle et administrative aigue. Nous seront là pour lancer un processus de restructuration qui rompt avec toutes les formes d’oppression et d’éradication… Nous avons tous intérêt à engager le dialogue et la concertation autour des grandes questions qui se posent . Il faut parvenir à un minimum d’accord et de consensus sur les questions prioritaires, notamment pour ce qui est des bourses estudiantines, des foyers, des crises et des problèmes sociaux des étudiantsNous serons la voix des étudiants auprés du gouvernement. "

Avant de céder la parole aux journalistes, Zied Bou Nakhla a cité les objectifs de La jeunesse d’Ennahdha à l’université :  

- La réalisation des objectifs de la révolution (la liberté, la dignité et l’emploi)

- L’enracinement de l’identité arabo-islamique au sein de l’université

- La défense des intérêts matériels, moraux et pédagogiques des étudiants et la défense de leurs droits.

- La participation aux réformes de l’enseignement, au développement de la recherche scientifique et au rayonnement de l’université sur son environnement économique, social et culturel.

- La construction d’un environnement universitaire pluraliste et l’enrichissement de l’espace politique et culturel.

- L’engagement à soutenir les révolutions arabes et à soutenir la cause palestinienne.

 

Les journalistes qui ont pris la parole ont tous, ou presque, critiqué cette vision assez optimiste et cette feuille de route qui semble avoir le pouvoir de tout … changer ! Ils ont critiqué l’intégration des affaires politiques et sociales dans les affaires estudiantines, le silence des étudiants nahdhaouis, leurs positions floues et leurs double discours au cours des derniers événements de La Manouba et plusieurs autres points avant de passer à l'affaire du niqab qui a bouleversé le cours de cette conférence …

En réponse à toutes ces critiques, Zied Ben Nakhla a donné des explications brèves et claires : " Concernant notre présence à l’université, on doit vous rappeler qu’on a toujours milité indépendamment du contexte sociopolitique. Aujourd’hui qu’Ennahdha est au pouvoir, on n’acceptera jamais d’être comparés aux jeunes du RCD, l’ancien parti au pouvoir, comme vous le pensez. Nous luttons pour la démocratie et le pluralisme…"

S'adressant aux journalistes, Zied Ben Nakhla a ajouté : " Les islamistes ont toujours été frustrés et marginalisés pendants des décennies, ils ont fait face à l’indifférence des dirigeants et aux attaques orchestrées par des journalistes qui servaient les intérêts du régime de Ben Ali… Pourquoi les attaquer et les critiquer aujourd’hui ??? "

"Concernant les événements de La Manouba , notre position était claire… On était présents et on a tout fait pour trouver un consensus… Toutefois, nous considérons que l’administration de l’université de La Manouba a commis une grave erreur quand elle a suspendu les cours. Les responsables n’ont pas n’a su gérer le problème, ils auraient pu trouver d’autres solutions sans paralyser le cours normal des études… " a-t-il ajouté.

Abordant le sujet épineux du niqab et de l’extrémisme, l’ambiance devient de plus en plus tendue puisque la conférence de " presse " était marquée par une forte participation de jeunes militants du mouvement Ennahdha qui n’ont pas su mâcher leurs mots et qui n’ont pas cessé d’afficher leurs " avis " suite aux  interventions des journalistes qui ont fini par quitter la salle … en signe de contestation à ce manque de respect flagrant dont les jeunes nahdhaouis ont fait preuve …

Voulant faire dans l'innovation et le respect, les nahdhaouis qui ont tenu à exposer leur philosophie de gérance de l'université, ont malheureusement échoué à gérer leur conférence de presse " qui ne portait pas son nom " …


H.Manel
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