Publié le 06-03-2018

Ferid Fetni à propos de la gestion de la crise du Tourisme : On ne fait pas notre job !

Ferid Fetni, professionnel du Tourisme avec une longue expérience au niveau de la direction marketing de l’ONTT a donné son opinion sur la gestion actuelle du dossier du Tourisme.



Ferid Fetni à propos de la gestion de la crise du Tourisme : On ne fait pas notre job !

L’arrêt des ventes touristiques vers notre destination après l'attentat de Sousse du moins au départ de la France persiste à ce jour et les professionnels du tourisme français ont eu pour recommandation selon mes sources de ne pas vendre la Tunisie pour le moment .

En tant que Tunisien d'abord et professionnel du secteur ensuite , je demande aux autorités tunisiennes d'engager une action immédiate et une réaction pour sauver ce qui reste à sauver et là je ne parle plus de la saison mais plutôt de l’arrière saison .

Des crises nous en avons géré et en général nous avons toujours évité le pire , certes celle ci est différente mais je suis certains qu'il y a toujours des solutions et des techniques . Faut il pour autant connaitre les chemins ?

Tous ceux qui ont œuvré dans ce domaine et ont les expériences des gestions de crise doivent se mobiliser pour sauver notre tourisme et les 800 000 emplois directs et indirects .

Je vous invite maintenant à lire cet article qui est un témoignage de ce que je viens de publier .

Crise dans les pays musulmans : les agents de voyages ne sont pas à la hauteur !

Pour Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, les professionnels du tourisme doivent jouer un rôle d'éclaireur et de modérateur face à l'actualité, parfois dramatique des destinations touristiques. Et, selon lui, ils ne le font pas actuellement sur la Tunisie. Ce qu'il n'hésite pas à dénoncer dans cette tribune où il interpelle la profession.

Fin juillet. Août arrive, moment paradoxal de notre métier où tous nos clients voyagent mais où un calme règne dans nos entreprises, fin des réservations oblige. C'est un bon moment pour essayer de faire le point sur la saison et de prendre un peu de recul.

J'ai choisi de faire ce métier par passion.

Bien sûr je suis d'abord un entrepreneur, et être entrepreneur s'exerce dans tous les métiers, le voyage comme un autre.

Mais le voyage est un métier spécial, et être un entrepreneur dans le voyage, c'est certes diriger une entreprise mais c'est aussi et surtout être un pont entre les différentes cultures du monde, être un facilitateur de la tolérance. Bref, avoir des responsabilités particulières.

En tous cas c'est toujours comme cela que je l'ai vécu.

Je dirai, même si cela peut paraître pompeux, qu'être un agent de voyage, c'est être un acteur de la paix mondiale et du développement de l'humanisme dont le monde a tant besoin.

"La Tunisie, ce n'est pas la Somalie"

Ainsi, lorsque des événements dramatiques comme ceux qui se sont produits récemment en Tunisie, nous devons nous tous, agents de voyage être des éclaireurs de la situation, et des modérateurs.

Ainsi nous savons par exemple que la Tunisie, ce n'est pas la Somalie en terme de sécurité.

Nous devons ainsi expliquer que voyager au Maroc, en Jordanie, à Oman, en Turquie, en Tanzanie ou en Indonésie, tous pays à majorité musulmane, ne posent aucun problème particulier.

Nous devons également expliquer que voyager en Egypte, en Tunisie ou au Liban est encore possible et ne doit pas être assimilé à des voyages au Yémen ou en Syrie.

Il n'est pas question ici de pousser nos clients à voyager dans des zones où ils n'ont pas envie d'aller.

On ne voyage pas la peur au ventre.

Mais nous ne devons pas non plus décourager ceux qui veulent s'y rendre alors que leur sécurité n'est pas forcément plus en danger que de rester en Europe.

Nous devons également être des éclaireurs sur la situation réelle de l'islam qui est pratiqué par 99,99% de personnes tolérantes et casser les amalgames. Qui ne fréquente pas des musulmans dans son entreprise, parmi ses amis, dans sa famille, qui nous ressemblent tant ?

Les agents de voyages prennent les devants

C'est notre responsabilité d'agent de voyage de défendre ces pays. C'est l'essence même de notre métier qui est en jeu.

Or je constate avec regret que ce n'est pas ce que nous faisons toujours.

Il suffit de lire les statistiques du Snav et du Seto sur les annulations Tunisie suite au dernier attentat qui sont si parlantes....

80% d'annulations pour le Snav alors qu'au Seto, elles atteignent au maximum 40% à la veille du départ, et se limitent à 25% sur les départs lointains.

Du simple au double.

Bien sûr les échantillons ne sont pas les mêmes car le Seto intègre en sus toutes les ventes directes des voyagistes non membres du Snav.

Mais un tel écart s'explique surtout parce que nombre d'agents de voyages prennent les devants des désirs de leurs clients et préfèrent leur déconseiller de partir, car c'est plus confortable pour eux.

Des grands patrons de réseaux me l'ont confirmé en off comme on dit....

Ainsi parfois l'agent de voyage devient un accélérateur des amalgames et de la simplification géopolitique, l'agent de voyage en général, qu'il soit voyagiste ou distributeur.

"Notre profession n'est pas à la hauteur"

Je trouve que cela n'est pas en harmonie avec l'essence même du métier que nous pratiquons. Et je le regrette vivement.

Notre profession n'est clairement pas à la hauteur sur ce qui se passe aujourd'hui sur ce sujet.

Déserter les pays musulmans non seulement ne réglera pas le problème mais pourrait même l'aggraver.

Je ne dis pas non plus que notre seul comportement changerait fondamentalement l'attitude de nos clients, mais elle serait une petite goutte d'eau à l'édifice de la construction de la tolérance et de la compréhension entre les peuples.

Pourquoi ai-je tant défendu le tourisme en Tunisie alors que mon groupe n'y ait que peu présent ? Entre autres parce que je ne peux pas du coup être soupçonné de conflit d'intérêt.

Et parce que la Tunisie est l'appartement témoin de la construction de la démocratie arabe.

Il ne faut pas les lâcher, j'y suis d'ailleurs allé deux fois cette année et j'y reviendrai très vite. Pour donner l'exemple.

"Nous sommes fatalistes"

Notre profession devrait être à la pointe de ce combat. Tous. Institutions, TO, agents de voyages, presse professionnelle (*). Mais nous ne le sommes pas. Nous sommes fatalistes, pire nous sommes parfois des accélérateurs du phénomène de simplification populiste.

Nous battre tous les jours sur ce sujet serait plus intéressant que d'autres débats qui occupent régulièrement la une de nos journaux professionnels. C'est un grand sujet, un beau sujet, certes très difficile mais qui pourrait nous unir et nous grandir. Je vais être critiqué, je le sais.

Irresponsable, ou irréaliste, ou idéaliste ou même injuste.

Ce n'est pas grave.

Je devais le dire car je le pense profondément.

On ne fait pas notre job !


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