Publié le 06-03-2018

En Vidéos : Une première en matière de justice transitionnelle, le dossier ‘Région Victime’ de Kasserine déposé à l’IVD

Hier et dans une première en Tunisie et en matière de justice transitionnelle, le forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), avec l’appui d’Avocats Sans Frontières a déposé à l’IVD le dossier « Région Victime » pour Kasserine.



En Vidéos : Une première en matière de justice transitionnelle, le dossier ‘Région Victime’ de Kasserine déposé à l’IVD

Le geste est porteur de plusieurs messages mais il est surtout emblématique. « Nous voulions créer une jurisprudence » a déclaré Abdejelil Bedoui, membre du FTDES.

En Tunisie, la révolution a permis de mettre en place des changements politiques mais elle n’a pas produit de transformations en matière de droits socio-économiques. Alors, pointer du doigt les aberrations d’un système économique et d’un modèle de développement défaillants qui ont généré autant d’inégalités afin de pouvoir rééquilibrer la situation et de mettre fin à l’injustice ne peut qu’être une bonne idée.

Et c’est de là que vient l’initiative de revendiquer le statut de région victime pour Kasserine.
« Il ne s’agit pas d’accabler l’Etat mais de le mettre devant sa responsabilité historique » déclare Alaa Talbi du FTDES.

En effet, l’exclusion organisée subie pendant des décennies par la région sera certainement mise en évidence par l’enquête que l’instance de Vérité et Dignité mènera. D’ailleurs l’art-10 de la loi de justice transitionnelle stipule clairement que la définition de victime « inclut toute région ayant subi une marginalisation ou une exclusion organisée ».

Ce dossier qui s’est basé sur des indicateurs quantitatifs pour évaluer la situation à Kasserine (indice de chômage, de pauvreté, taux d’analphabétisation…) amènera à la réflexion sur le rôle de l’Etat dans le processus qui a mené à cette marginalisation. Plus encore, il poussera à redéfinir la notion de marginalisation, de région et de région victime.

« C’est certainement innovant en Tunisie, mais ce n’est pas un cas unique au monde » affirme Catherine Denis d’ASF en citant l’exemple du Kenya.

Abdejelil Bedoui assure qu’il s’agit de déterminer les causes et les conséquences des disparités entre les régions afin de prendre les mesures adéquates. « Le dossier replace la victime au centre du débat et évitera de recréer les conflits et les discriminations » nous dit-il. En somme, la Tunisie a besoin de tourner la page et pour cela, elle doit d’abord faire un bilan et entamer de vraies changements pour pourvoir avancer en apaisant les conflits.

Mohamed Ayadi qui a représenté l’IVD à la conférence de presse d’hier, a salué l’initiative du forum et d’Avocats sans Frontières : « c’est une initiative courageuse et intelligente, elle est également symbolique et revêt une importance méthodique et académique aux yeux de l’instance » a-t-il dit.

A la fin et comme le dit si bien le communiqué conjointement signé par le FTDES et ASF « Si cette initiative aujourd’hui est une ‘ première’ en Tunisie, Kasserine n’est sans doute pas la seule région pouvant bénéficier du statut de victime. Par le dépôt de ce dossier, les demandeurs souhaitent encourager d’autres régions ayant subi une marginalisation ou une exclusion à saisir l’IVD, comme le prévoit par la loi relative à l’instauration de la justice transitionnelle et à son organisation (loi organique n°2013-53 du 24 décembre 2013).

Crédit-Photo : Dossier de presse ASF-FTDES


Hajer Boujemâa
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