Publié le 06-03-2018

En vidéos-IVD : 65 000 dossiers déposés dont 13 300 dossiers de femmes et 3 prix Nobel

Le 15 juin à minuit, l’Instance Vérité et Dignité a clôturé le dépôt des dossiers de victimes et de personnes demandant l’arbitrage et la réconciliation.



En vidéos-IVD : 65 000 dossiers déposés dont 13 300 dossiers de femmes et 3 prix Nobel

La loi organique n°2013-53 du 24 décembre 2013 relative à l'attribution et à l'organisation de la justice transitionnelle en Tunisie a prévu la création d'une commission vérité, appelée "Instance Vérité et Dignité" (IVD) qui a pour principales fonctions d’enquêter et de dévoiler la vérité au sujet des violations des droits de l’homme commises entre le 1er juillet 1955 et le 31 décembre 2013 (date de promulgation de la loi), de fournir une liste des victimes, de recueillir les récits des victimes, d’identifier les responsabilités de l’Etat et de ses institutions, et de créer une base de données sur les violations.

Depuis l’élection de ses membres, le 19 mai 2014, l’IVD a fait son bout de chemin, créant plusieurs bureaux dans les régions pour recueillir les dossiers, jusqu’à la clôture des dépôts le 15 juin 2016.
Lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’instance aujourd’hui, la présidente à annoncé les chiffres clés du travail de l’IVD :
65 000 dossiers ont été déposés dont 58057 ont déjà été intégrés au système informatique et 7000 qui seront ajoutés de façon manuelle. Le mois de juin a connu un pic avec 17085 dossiers déposés et les trois villes qui arrivent en tête avec le plus grand nombre de plaintes sont Tunis (7339), Gafsa (6802) et Kasserine (5791).

Parmi les personnes qui ont déposé, 4% sont des personnes morales comme les associations dont les 3 membres du dialogue national (UGTT, LTDH et ONAT). L’Association Tunisienne des femmes Démocrates et el SNJT ont également déposé des dossiers de victimes pour la répression et les atteintes subies au temps de la dictature.

13 300 femmes ont fait appel à l’IVD en tant que victimes ce qui constitue 23% du nombre total des dossiers contre 73% d’hommes. Une majorité de ces femmes est originaire de Kasserine (1795), de Tunis (1606), de Sfax (1274) et de Gafsa (1026).

Le contenu des plaintes dénonce à 61% les arrestations abusives, à 59% les atteintes aux libertés d'expression, de presse et de publication et à 50% la torture et les atteintes physiques.

 

Autre chiffre à retenir est celui des régions qui se sont constituées victimes. En effet et à l’instar de Kasserine qui a été la première à déposer un dossier pour les politiques de marginalisation subies durant des décennies, plusieurs régions ont déposé aussi leurs dossier à l’instance (3 régions au total).

Des personnalités marquantes de l’ancien régime ont également sollicité l’IVD pour la réconciliation et l’arbitrage, "la commission a reçu 6000 dossiers" a déclaré Krichi. « Nous ne pouvons dévoiler leur nom avant qu’ils ne signent un accord » a affirmé Ben Sedrine.

 

Pour les dédommagements, Hayet Ouertani, présidente de la commission de réparation et de réhabilitation a déclaré qu’un budget de 1.5 MD a été consacré aux aides instantanées en 2015 et de 2MD en 2016.

« Quant à la réhabilitation globale, la création d’une caisse de la dignité dont l’IVD mettra en place le programme est actuellement en discussion entre l’instance et la présidence du gouvernement » soutient Ouertani.


Hajer Boujemâa
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