Publié le 06-03-2018
L’offensive turque peut 'changer l’équilibre' en Syrie et en Irak
Depuis l’attentat-suicide meurtrier de Suruç à la frontière turco-syrienne, il y a une semaine, qui a fait trente-deux morts et une centaine de blessés, Ankara a lancé une série de frappes aériennes contre l’organisation Etat islamique (EI) et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Lors d’une longue conversation avec des éditorialistes et des rédacteurs en chef de médias turcs, le chef du gouvernement islamo-conservateur, Ahmet Davutoglu, a estimé lundi que « la présence d’une Turquie susceptible d’utiliser efficacement la force peut permettre de changer l’équilibre en Syrie, en Irak et dans toute la région. Tout le monde doit en être conscient ».
Le premier ministre turc a également assuré que son pays n’enverrait pas de troupes terrestres en Syrie. « Nous n’enverrons pas de troupes terrestres » sur le territoire syrien, a déclaré M. Davutoglu, mais « nous ne voulons pas voir Daech [acronyme arabe de l’EI] près de la frontière turque ».
Le premier ministre a justifié l’offensive lancée contre les djihadistes de l’EI par l’attentat de Suruç, attribué à l’EI, et par la mort d’un soldat turc tué par des djihadistes jeudi. « Nous voulions nous assurer que le groupe paie chèrement le meurtre de trente-deux personnes afin qu’il ne recommence jamais une telle attaque. Le meurtre de notre soldat n’a fait qu’accélérer notre réaction », a-t-il dit.
« Rétablir l’ordre »
M. Davutoglu s’est refusé à donner des détails sur l’accord passé avec les Etats-Unis pour l’utilisation de la base d’Incirlik, dans le sud de la Turquie, pour leurs frappes contre les djihadistes en Syrie et en Irak. Il a indiqué que les pressions de la Turquie en faveur d’une « zone d’interdiction aérienne » dans le nord de la Syrie avaient été « dans une certaine mesure » prises en compte. « Si nous n’envoyons pas de troupes au sol, et nous ne le ferons pas, alors certains éléments [de l’opposition modérée au régime de Damas] qui coopèrent avec nous sur le terrain doivent être protégés », a-t-il souligné.
Les opérations lancées contre le PKK visent à « rétablir l’ordre » en Turquie, a-t-il également expliqué. Dans la foulée de l’attentat de Suruç, les rebelles kurdes ont multiplié les attaques meurtrières contre les membres des forces.
Des chars turcs ont bombardé un village dans le nord de la Syrie tenu par les forces kurdes, faisant au moins quatre blessés parmi les combattants, ont rapporté lundi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et des militants. Les bombardements ont visé dans la nuit de dimanche à lundi le village de Zor Maghar, dans la province d’Alep, à la frontière turque, a précisé l’ONG.