Publié le 06-03-2018

Mestiri, Ben Salah et Elfilllali veulent superviser la transition politique

Ahmed Mestiri, qui jouit du respect des mouvements d'opposition tant laïques qu'islamistes, a fait savoir mercredi qu'il espérait être nommé à la tête du "conseil des sages" chargé de superviser la transition démocratique du pays.



Mestiri, Ben Salah et Elfilllali veulent superviser la transition politique

Depuis la fuite du président tunisien Zine ben Ali, des manifestants continuent de réclamer le départ du gouvernement de transition des ministres "bénalistes". Un remaniement, notamment des ministres régaliens, devrait intervenir jeudi selon le porte-parole du gouvernement de transition.


Dans une interview accordée mercredi à Reuters, Mestiri s'est présenté comme l'initiateur du "conseil des sages" avec deux autres personnalités politiques de l'ancien régime du président Habib Bourguiba, Ahmed Ben Saleh et Moustafa Elfilali.


Ce comité des sages, qui réunira des responsables politiques, des représentants de la société civile et des responsables syndicaux, vise à prévenir toute récupération politique des manifestations par des proches du président déchu ben Ali, a-t-il souligné.
"Le conseil protégera la révolution qui s'est déclenchée de manière spontanée. Le temps est venu pour le mouvement d'avoir une structure", a indiqué Mestiri, âgé de 80 ans, dans sa maison de Tunis.


"Quand le conseil sera créé, je présenterai ma candidature au poste de président", a-t-il ajouté.
Le gouvernement de transition a annoncé la tenue de nouvelles élections d'ici six mois mais selon Mestiri, l'organisation du scrutin pourrait prendre plus de temps.
"Nous sommes inquiets pour l'avenir. La situation pourrait subir un revers en raison du chaos et les institutions pourraient être affectées. Il y a des ennemis à l'intérieur et à l'extérieur du pays qui mettent leurs forces en commun pour organiser le retour du régime injuste de Ben Ali", a-t-il indiqué.


Dans les jours qui sont suivi la fuite du président déchu en Arabie Saoudite, des affrontements ont opposé l'armée aux milices loyales à Ben Ali.
Beaucoup redoutent que les manifestations de Tunisiens exigeant le départ du gouvernement des membres proches de Ben Ali soient exploitées par des partisans de l'ancien président, avec le soutien de pays de la région opposés à la transition démocratique tunisienne.
Des gouvernements arabes et occidentaux ont apporté pendant des années leur soutien au régime de Ben Ali, considéré comme un rempart contre l'islamisme et comme un exemple sur le plan économique.
Le chef d'Etat major de l'armée, le général Rachid Ammar, a mis en garde lundi contre le risque de vide politique et a promis de défendre la révolution.
"Evidemment, nous apprécions le rôle qu'a joué l'armée jusqu'à présent en chassant Ben Ali et en le forçant à quitter le pays et à fuir. L'armée se bat pour protéger les citoyens", a estimé Mestiri.


"L'armée n'a pas l'intention de faire un coup d'Etat. Nous faisons confiance à l'armée pour qu'elle ne dépasse pas son rôle dans un régime démocratique moderne."
Lundi, Rachid Ghannouchi, dirigeant en exil à Londres du parti islamiste Ennahda interdit sous le régime de Ben Ali, a annoncé son retour en Tunisie dans les prochains jours et assuré qu'il ne voulait pas instaurer la charia.


Les islamistes sont les bienvenus, a déclaré Mestiri, critiquant les gouvernement occidentaux pour avoir soutenu leur marginalisation ces dernières années.
Rachid Ghannouchi est un islamiste moderne, à l'image du Premier ministre turc Tayyip Erdogan, a souligné l'opposant tunisien.
"Ils ne peuvent pas être accusés de terrorisme. Qu'est ce qu'on souhaite ? L'inquisition espagnole ? Ou connaître ce qu'il y a réellement dans leurs coeurs ?, a-t-il ajouté. Les Islamistes sont en Algérie, l'Egypte a les Frères musulmans. Au Koweït et en Jordanie, ils siègent au parlement. Et ils sont en Palestine".
Toutefois, en Tunisie, "nous avons des lignes rouges qui ne peuvent pas être franchies. J'ai personnellement créé le code du statut personnel établissant la liberté des femmes avec Bourguiba en 1956."


Evoquant le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, dont les manifestants réclament le départ, Mestiri a indiqué "n'avoir rien de personnel contre lui". "C'est une personne convenable. Il s'agit d'un haut responsable au sein d'une administration. Mais son passé récent empêche le peuple de lui faire confiance."
Marine Pennetier pour le service français


Reuters
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