Publié le 06-03-2018

La fortune du clan Trabelsi surveillée à l'étranger

La famille de Leïla Ben Ali, épouse du président déchu, a fait main basse sur des pans entiers de l'économie tunisienne. Sa fortune se chiffrerait en centaines de millions d'euros.



La fortune du clan Trabelsi surveillée à l'étranger

Des renseignements «convergents» font état d'importants avoirs à Dubaï et à Malte. Ils se chiffreraient en centaines de millions d'euros. La famille posséderait des biens immobiliers en Argentine. En France, elle disposerait de plusieurs millions d'euros sur plusieurs comptes bancaires, ainsi que d'appartements dans les beaux quartiers parisiens, de propriétés en Ile-de-France, d'un chalet à Courchevel et de villas sur la Côte d'Azur. À la demande de l'Élysée, une vaste opération de contrôle des avoirs de la famille et des flux financiers qui peuvent avoir eu lieu ces derniers jours a commencé. L'organisme antiblanchiment Tracfin, rattaché au ministère de l'Économie et des Finances, a consulté les fichiers bancaires à sa disposition d'après une liste d'une douzaine de noms puisés dans l'entourage proche de l'ex-président. Il s'agit notamment de s'assurer que les familles Ben Ali et Trabelsi ne cherchent pas à transférer des sommes importantes à l'étranger, qu'elles n'ont pas effectué de retraits en espèces anormalement élevés et qu'elles n'ont pas réalisé des opérations d'achats ou de ventes de métaux précieux, notamment d'or. Nicolas Sarkozy s'est engagé par ailleurs à «répondre sans délai à toute demande» du gouvernement légitime concernant «des avoirs tunisiens en France ».

Si le nom des Trabelsi a été aussi violemment conspué, c'est parce que la Tunisie fut longtemps la petite et très juteuse entreprise du clan de Leïla Trabelsi, seconde épouse du président Ben Ali. Une entreprise tentaculaire qui a phagocyté la banque, l'hôtellerie, l'immobilier, les transports, les douanes, les médias… L'irrésistible ascension de cette «quasi-mafia», selon les termes employés par des diplomates américains cités tout récemment par WikiLeaks, débute en 1992.

Leïla a dix frères et sœurs. L'aîné, Belhassen, s'impose très vite comme le patron du clan. Il y a aussi la «matriarche», Hajja Nana, mère de Leïla ; Moncef, un autre frère de Leïla ; un neveu, Imed (mort samedi), qui s'illustrera en 2006 en commanditant le vol de trois bateaux français, dont un yacht appartenant à Bruno Roger, dirigeant de la Banque Lazard et ami de Jacques Chirac. L'affaire fera grand bruit. Imed obtiendra d'être jugé en Tunisie. Et il sera blanchi, au grand dam des magistrats français.

Il y a aussi les gendres du couple présidentiel : Sakhr el-Materi notamment, qui reçoit en cadeau de mariage un distributeur automobile. Le jeune homme obtiendra dans la foulée la concession d'exploitation du port de La Goulette…


Le Figaro
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