Publié le 06-03-2018

Le baril de pétrole passe sous la barre des 50 dollars

Les cours du pétrole poursuivaient leur dégringolade lundi en fin d'échanges européens, atteignant de nouveaux plus bas en plus de cinq ans et demi, plombés par une offre surabondante et un dollar fort. Vers 18 heures (heure de Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 53,09 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 3,33 dollars, soit près de 6 %, par rapport à la clôture de vendredi. Vers 17 h 30, la référence européenne du brut est tombée à 52,66 dollars, son plus bas niveau depuis début mai 2009.



Le baril de pétrole passe sous la barre des 50 dollars

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 2,42 dollars à 50,27 dollars, représentant une baisse de près de 5 % sur la journée. Le WTI a atteint son plus bas niveau depuis fin avril 2009 vers 16 h 30, à 49,95 dollars le baril. Les cours restaient plombés par une offre mondiale surabondante et en augmentation. "De nombreuses régions pétrolifères, comme le continent américain, la Russie ou encore l'Afrique de l'Ouest connaissent une forte hausse de la production", expliquait Christopher Dembik, analyste chez Saxo banque.

"Croissant pétrolier"

L'offre mondiale de pétrole devrait rester pléthorique au premier semestre 2015, une nouvelle offre venant principalement d'Irak et de Russie est arrivée sur le marché compensant largement les problèmes de production en Libye, d'après des experts. Le terminal pétrolier d'Al-Sedra, dans le "Croissant pétrolier" dans l'est de la Libye, a été victime le 25 décembre d'un incendie, après des frappes des miliciens de la coalition Fajr Libya (Aube de la Libye). Le feu a été depuis éteint, mais le pays reste plongé dans le chaos et sa production est estimée à environ 300 000 barils par jour alors que la Libye visait un retour à une production aux alentours de 1 million de barils par jour. Mais les exportations irakiennes de pétrole ont atteint en décembre leur plus haut niveau depuis des décennies, selon le porte-parole du ministère du Pétrole Assem Jihad.

En Russie, la production de pétrole a également atteint un record en décembre, selon des analystes. "La production va aussi continuer à augmenter dans de nombreux champs pétroliers en Afrique de l'ouest, Amérique latine, aux États-Unis (y compris le gaz de schiste) et le Canada, car beaucoup de projets étaient déjà bien avancés avant la dégringolade des prix de l'or noir", soulignait Adam Longson, analyste chez Morgan Stanley. "Les marchés resteront donc largement excédentaires (en 2015) et les prix seront toujours sous pression durant l'essentiel de l'année, si l'Opep (organisation des pays exportateurs de pétrole) ne réduit pas rapidement sa production", soulignaient les analystes de Natixis.

"Le dollar se renforce"

Selon Christopher Dembik, le marché a pour le moment une seule borne explicitement en tête, à savoir "la zone basse des 40 dollars le baril qui a été délimitée par l'Opep il y a plusieurs semaines". Beaucoup de banques ont publié leurs projections pour 2015, notait Anthony Cheung, analyste chez Ransquawk. "Deutsche Bank a dit aujourd'hui que les prix du pétrole pourraient tenir autour des 50 dollars pour les deux prochaines années, et Citi a dit que le Brent serait à 63 dollars en moyenne sur 2015", soulignait Anthony Cheung. Mais pour l'analyste, la force du dollar a aussi joué un rôle important dans la chute des prix du pétrole ce lundi.

"Le dollar se renforce et pèse sur le cours du pétrole (...) avec la Fed toujours dans la course pour une remontée de ses taux d'intérêt et de bonnes statistiques américaines en vue cette semaine", expliquait-il. Le billet vert a ainsi atteint lundi son niveau le plus fort depuis mars 2006 face à l'euro, à 1,1864 dollar pour un euro. Un dollar fort pèse sur les matières premières libellées dans la devise américaine, comme l'or, en les rendant plus onéreuses pour les investisseurs munis d'autres monnaies. Pour Christopher Dembik, le retour des opérateurs sur le marché après la période des fêtes de fin d'année est également un des "facteurs déterminants expliquant la chute du prix du baril de pétrole sous les 50 dollars".


AFP

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