Publié le 02-06-2025
Orientation choc : 1 élève sur 3 choisit l’économie au Bac 2025 !
Ils sont 151.808 candidats à se présenter cette année à la session principale du baccalauréat 2025 en Tunisie. Un chiffre stable, mais derrière les statistiques se cache une radiographie révélatrice des aspirations d’une génération en pleine mutation.

Parmi eux, 125.515 sont issus des établissements publics, 18.351 du privé, et 7.942 se présentent en candidats libres. Ce paysage scolaire éclaire les dynamiques d’accès au savoir et les inégalités persistantes entre les filières éducatives.
Économie et sciences en tête, lettres et informatique en embuscade
Le choix des sections est particulièrement révélateur : en tête, la section Économie et Gestion avec 32 % des inscrits, traduisant une volonté marquée de se projeter vers des études de commerce, de finance ou d'entrepreneuriat. Un signe clair d’une jeunesse à la recherche d’autonomie économique dans un contexte d’emploi tendu.
Suivent les Sciences Expérimentales (20 %) et les Sciences Techniques (14 %), deux filières qui démontrent une forte appétence pour les métiers de la santé, de l’ingénierie ou de la technologie. À elles deux, elles rassemblent plus d’un tiers des élèves, illustrant une transition vers des secteurs à valeur ajoutée et aux débouchés plus solides.
La section Lettres (18 %) demeure bien représentée, notamment dans les régions intérieures, et continue d’attirer une population plus orientée vers l’enseignement ou les métiers culturels.
Quant à l’Informatique (10 %), elle confirme l’attrait croissant pour les compétences numériques, mais reste paradoxalement sous-représentée dans un pays qui ambitionne de devenir un hub technologique. Le potentiel existe, mais l'offre éducative et l'orientation manquent parfois de clarté et d’accompagnement.
Mathématiques et Sport : les grands absents du podium
Deux sections affichent des chiffres particulièrement faibles : les Mathématiques avec seulement 5 % des inscrits, et le Sport avec un modeste 1 %.
Pour les mathématiques, cette désaffection est préoccupante. Elle témoigne d’un désintérêt croissant pour les disciplines abstraites, perçues comme difficiles et peu gratifiantes à court terme. Pourtant, cette section reste une voie royale vers les études d’ingénierie, d’intelligence artificielle et de recherche. La faiblesse de l’encadrement pédagogique et la peur de l’échec jouent ici un rôle dissuasif majeur.
La section sport, quant à elle, souffre d’un manque de reconnaissance institutionnelle. Malgré le dynamisme du secteur et un potentiel pour les métiers de l’encadrement, de la santé et du tourisme sportif, elle reste marginalisée dans le système éducatif. La filière est souvent perçue comme un choix par défaut, alors qu’elle pourrait devenir un levier stratégique pour la Tunisie post-CAN 2025.
Une jeunesse lucide, mais à accompagner
Ce panorama montre une jeunesse tunisienne pragmatique, souvent guidée par la recherche d’un avenir professionnel stable, mais aussi parfois bridée par les contraintes systémiques de l’orientation et la qualité des formations disponibles.
Les décideurs doivent prendre ces signaux au sérieux : revaloriser les filières techniques, renforcer l’enseignement des mathématiques dès le collège, et reconnaître le sport comme un secteur économique à part entière sont autant de chantiers pour construire l’école du futur.