Publié le 21-09-2021

Canada : Justin Trudeau vainqueur, sans majorité absolue

Selon les résultats, le nouvel exécutif devrait être formé par les libéraux du Premier ministre. Mais ils restent sous le seuil de la majorité.
 



Canada : Justin Trudeau vainqueur, sans majorité absolue

e prochain gouvernement du Canada sera formé par le Parti libéral de Justin Trudeau, qui obtient donc un troisième mandat de Premier ministre après une campagne très difficile, ont annoncé les médias canadiens, lundi 20 septembre.

Les résultats du vote, pas encore totalement définitifs mardi matin heure française, ne permettent toutefois pas à l’actuel chef de gouvernement de redevenir majoritaire à Ottawa. D’après les résultats préliminaires publiés mardi 21 septembre par Élections Canada, l’organisateur du scrutin législatif, le Parti libéral du Canada obtiendrait donc 158 sièges, soit un chiffre sous la barre des 170 sièges qui permettent d’obtenir une majorité. Justin Trudeau sera donc contraint de former un gouvernement minoritaire, comme en 2019.

Dans ce pays qui compte six fuseaux horaires, les derniers bureaux de vote ont fermé leurs portes à 19 heures (4 heures heure française), à l’ouest, en Colombie-Britannique, sur la côte pacifique et au Yukon. Le Premier ministre sortant a déclenché des élections anticipées à la mi-août pour tenter de regagner la majorité qu’il avait perdue deux ans plus tôt. Mais il semble donc qu’il n’est pas parvenu à remporter son pari face au conservateur modéré Erin O’Toole qui a réussi une percée pendant la campagne.


Forte affluence dans les bureaux de vote des grandes villes
« Les Canadiens nous renvoient au pouvoir avec un mandat clair pour parvenir à sortir de cette pandémie et aller vers un avenir meilleur », s’est toutefois félicité Justin Trudeau, affirmant qu’il était « prêt » pour ce nouveau mandat et heureux que les Canadiens aient choisi un « programme progressiste ». Le Premier ministre a connu une campagne particulièrement difficile, l’usure du pouvoir se fait sentir et la « trudeaumania » de 2015 semble bien loin. Les intentions de vote donnaient encore à quelques heures du scrutin les deux grands partis au coude-à-coude, autour de 31 % d’intentions de vote.
Justin Trudeau s’était dit « serein » à la sortie de son bureau de vote à Montréal. « On a travaillé très fort pendant cette campagne et les Canadiens sont en train de faire un choix important », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse entouré de ses enfants et de sa femme Sophie Grégoire.

Lors des derniers jours de campagne, il a appelé au vote stratégique, expliquant que le retour des conservateurs serait synonyme de retour en arrière, notamment sur la question climatique.

« Fiers de voter aujourd’hui, assurez-vous de faire de même ! » avait encouragé de son côté sur Twitter Erin O’Toole en postant une photo devant l’urne avec son épouse.

Ce dernier, dont le parti vient de remporter 122 sièges, soit trois de plus qu’avant la dissolution du Parlement, a fait une campagne résolument au centre et promis aux Canadiens d’incarner le renouveau.

« Ce soir, les Canadiens n’ont pas donné à M. Trudeau le mandat majoritaire qu’il voulait », a-t-il souligné lundi soir, après la publication des premiers résultats, regrettant que cette élection ait encore « aggravé les divisions » dans le pays.


Peu avant la fermeture, les médias locaux montraient encore de nombreuses personnes faisant la queue devant des bureaux de vote de grandes villes. Liliane Laverdière, Montréalaise de 67 ans, a tenté quatre fois d’aller voter et a expliqué avoir été surprise par l’affluence. « D’après moi, les gens veulent du changement », a-t-elle déclaré en précisant « n’avoir jamais vu ça » en dix ans.

D’autres électeurs mettent en avant la façon dont le Premier ministre sortant a géré la crise sanitaire avec un pays qui affiche l’un des taux de vaccination les plus élevés au monde. « Pour moi, la gestion de la pandémie est l’enjeu le plus important de cette élection. Et je pense que le Premier ministre l’a bien gérée », estime Kai Anderson, 25 ans, électrice à Ottawa, la capitale fédérale.

Un gouvernement possiblement minoritaire
Les quelque 27 millions de Canadiens étaient appelés à élire les 338 députés que compte la Chambre des communes. Si aucun des deux grands partis qui alternent au pouvoir depuis 1867 n’est en mesure d’obtenir une majorité des sièges au Parlement, le vainqueur devra composer un gouvernement minoritaire. Et pour cela, il aura besoin de composer avec les plus petits partis pour gouverner à Ottawa.

Une aubaine pour le Nouveau Parti démocratique (NPD, gauche), de Jagmeet Singh, crédité de 20 % des intentions de vote et le Bloc québécois, formation indépendantiste dirigée par Yves-François Blanchet, qui a semblé reprendre des couleurs en fin de campagne après une polémique sur la place du Québec au sein de la confédération canadienne. Dernier grand parti en lice, les Verts d’Annamie Paul ont peiné à faire passer leur message d’une urgence climatique, luttant pour leur survie en raison de problèmes d’unité et d’image.
AFP



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