Publié le 06-03-2018
Des blogueurs détenus en Tunisie pour avoir critiqué des représentants de l’État, selon HRW
Human Rights Watch a annoncé, dans un communiqué rendu public, que les autorités tunisiennes mènent des enquêtes judiciaires visant des blogueurs et des activistes présents sur les réseaux sociaux, dont certains sont inculpés et détenus simplement pour avoir critiqué pacifiquement des représentants de l’État.

«Au moins neuf blogueurs ont été mis en examen depuis 2017 pour des commentaires, publiés sur les plateformes de médias sociaux, qui critiquaient de hauts représentants de l’État – notamment des accusations de corruption ou ce qui a été considéré comme des insultes. Human Rights Watch a rencontré sept d’entre eux et plusieurs de leurs avocats», lit-on dans le communiqué publié par Human Rights Watch.
« Huit ans après la révolution, il n’est pas justifiable de persister à employer des lois répressives, datant de la dictature, pour réduire au silence des blogueurs qui ne font que critiquer pacifiquement », a déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
Selon HRW, les inculpations portent souvent sur le fait d’imputer aux fonctionnaires publics des faits illégaux en rapport avec leurs fonctions, sans en établir la véracité, en vertu de l’article 128 du code pénal, qui prévoit jusqu’à deux ans de prison.
« De nombreuses personnes inculpées selon l’article 128 l’étaient aussi en vertu de l’article 86 du code des télécommunications, à la formulation très vague. Cette loi, qui remonte à la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali, prévoit un à deux ans de prison pour quiconque ''sciemment nuit aux tiers ou perturbe leur quiétude à travers les réseaux publics des télécommunications'' », souligne l'ONGI dans son communiqué.
Un groupe d’avocats tunisiens ont fondé une association appelée « Blogueurs sans chaînes » face à cette vague de poursuites judiciaires, en renonçant parfois à leurs honoraires habituels.
Mohamed Ali Bouchiba, secrétaire général de l’association, a déclaré à Human Rights Watch qu’apparemment les procureurs ciblaient les blogueurs ayant de nombreux abonnés.
Human Rights Watch a cité dans son communiqué Amina Mansour, Aymen Ben Selma, Hichem Mejri, Sahbi Amri, Alaa Abd Dhaher, Dali Mak et Saif Midani. Selon l'ONGI, les autorités tunisiennes ont également poursuivi plusieurs autres blogueurs pour leurs publications, dont le parlementaire Yassine Ayari, Fedy Ben Salah, Mohamed Yacine Amri, Jameleddine Al-Hammami et Mohamed Naïm Haj Mansour.