Publié le 06-03-2018

Interview de Amel Mathlouthi

Amel Mathlouthi est une charmante âme qui vient illuminer de sa grâce le monde de la musique en Tunisie et ailleurs. Souriante et résolue, elle n’aime pas les confessions à demi-mot et, lucide, revient sur ses choix et ses ambitions. Sous sa douceur, nous sentons la détermination et la grande envie d’explorer tous les genres de la musique. Elle impressionne depuis, quelque temps, par un talent phénoménal. La musique et le chant vont devoir compter avec elle. Interview.

 



Interview de Amel Mathlouthi

Amel Mathlouthi est une charmante âme qui vient illuminer de sa grâce le monde de la musique en Tunisie et ailleurs. Souriante et résolue, elle n’aime pas les confessions à demi-mot et, lucide, revient sur ses choix et ses ambitions. Sous sa douceur, nous sentons la détermination et la grande envie d’explorer tous les genres de la musique. Elle impressionne depuis, quelque temps, par un talent phénoménal. La musique et le chant vont devoir compter avec elle. Interview.

 

Comment tu as fais pour arriver à ce stade de succès ?

 

Le réel commencement était en 2006 avec le concours de la Radio Montréal où j’étais parmi les trois grands finalistes. Je pense que c’est à partir de là que je me suis faite rémarquée en France. Et puis j’ai enchainé les concerts et les chansons.

 

Donc le début de ton succès à l’étranger était avec l’album « peur ». Peux-tu nous parler de la spécificité de cet album ?

 

Le succès était surtout avec et par les concerts parce que l’album était autoproduit et il n’est pas distribué à grande échelle. C’est vrai qu’il y a une relation entre l’album et les concerts car les gens après le live réclament l’album et vis versa mais le premier contact avec le public à l’étranger était à travers les concerts. 

En Septembre dernier, j’ai produit le deuxième album qui est mieux préparé et arrangé à l’encontre du premier qui était autofinancé et avec seulement ma propre guitare.

 

Pourquoi tu te démarques par rapport aux autres ?

 

Je fais les choses tel que je les ressens au fond de moi et après je les partage avec l’autre. Deuxièmement, je conçois des chansons comme des histoires ou encore des films avec un début, des évènements et une chute. Chaque chanson a une conception particulière à partir et à travers du texte.

 

Quelle est la chanson que tu préfères le plus dans ton répertoire ?

 

Bien sur qu’il y a des chansons que je sens plus que les autres. Dans le nouveau répertoire, « une longue histoire » (en dialectique tunisien) est ma préférée parce que c’est ma première composition que j’ai faite à mon atterrissage en France où je suis passée par des sentiments assez fort. Donc l’écriture et la composition étaient naturelles. Concernant l’ancien répertoire, la chanson « Toi » (Inti, dialectique tunisien) même si elle n’est pas très connue à cause de sa nature progressiste.


Qu’est ce que tu as préparé pour le concert du 23 juin à la Marsa ?

 

J’ai préparé des nouvelles compositions avec mon nouveau groupe en France (malheureusement quelques membres du groupe n’ont pas pu venir à cause des contraintes budgétaires) et je présenterai aussi des reprises du patrimoine mondial (Turquie, Arménie …) et mes anciennes chansons.

 

Peux tu nous parler de ta tournée en Algérie ?

 

J’ai fais trois concerts en Algérie : Tlimsan, Alger et Annaba. Mes deux meilleurs souvenirs sont à Annaba et Alger car l’impact était très fort. Le public était touché par la musique, la voix et les textes. Je ne m’attendais pas à cet impact parce que j’avais l’idée que les algériens ne comprennent pas notre dialecte. J’étais aussi agréablement surprise par la dizaine d’articles élogieux de la presse algérienne suite à mes concerts. A Annaba, 600 personnes se sont déplacées pour le concert et elles ont apprécié la musique.


Pourquoi tu es parti en France ?

 

Pour faire une carrière internationale.

 

Qu’est ce que tu as réalisé dans ce projet ?

 

J’ai presque joué dans tous les continents du globe terrestre. Pour atteindre mon but, il me faut un album qui sera distribué sur une échelle internationale. Ce qui veut dire que je dois trouver une maison de disque. Le problème est que le monde entier vit une crise de disque. Les maisons de disque ne veulent plus investir dans une musique assez recherchée et engagée telle la mienne.

 

Justement. Comment compte-tu commercialiser une musique alternative ?

 

C’est la grande question. Les gens avec qui je travaille me disent qu’il faut savoir pour qui faire la musique et produire en fonction de ça. Alors que je ne peux pas le faire. D’après mon expérience, ma musique a l’avantage de plaire au public même s’il ne comprend pas la langue et la culture. Je vois l’impact dans les concerts où les gens ne me connaissent pas mais apprécient mon produit, ce qui est le plus important.

 

Mais entre vendre un disque et faire un concert la différence est énorme…

 

Oui, c’est vrai qu’il y a une différence. Produire un disque est plus difficile. Mais à partir du moment où je joue une musique bien reçu chez des gens qui ne me connaissent pas et qui ne sont pas prédisposés à aimer ce que je fais (pas de publicité, pas de communication…), je peux savoir au moins que cette musique peut réussir sur un disque. Après, tout est de l’ordre de l’inconnu. On ne sait jamais ce qui se passera à la post production. Toutefois, je pense avoir assez de choses sur lesquelles je vais me baser au lieu de se dire qu’il faut viser tel public parce qu’il n'y a pas de recette toute prête dans la création artistique. Je ferais tout pour rester fidèle à moi-même et à ma musique tout en visant l’internationalisation.

 

 Henda


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