Publié le 06-03-2018

Arrêté et accusé d’homosexualité, un jeune Tunisien qui a subi un test anal témoigne

L’art-230 du code pénal tunisien est un article qui punit les relations homosexuelles entre adultes. Dans la version française l’article parle de sodomie, en arabe il est légèrement différent et plus précis incluant homosexualité masculine et féminine.



Arrêté et accusé d’homosexualité, un jeune Tunisien qui a subi un test anal témoigne

Contrairement à la nouvelle constitution tunisienne qui protège les libertés (art-21), le code pénal continue à être en déphasage et les restreint.

Par ailleurs, le traitement que subissent les personnes LGBT de façon générale dans les postes de police ou dans les centres de détention sont souvent dénoncés. Humiliations, atteinte à la dignité et à l’intégrité physique, sont le lot d’une majorité de personnes qui se trouvent arrêtées pour leur orientation sexuelle.

Arrêté à Sousse pendant deux jours, transféré à l’hôpital pour prouver son homosexualité via le fameux « test anal » tant décrié par la société civile et les organisations droit-de-l’hommiste, un jeune homme âgé de 20 ans a bien voulu témoigner, anonymement, pour Tuniscope (nous l’appellerons A).

« Je marchais en rentrant chez moi quand j’ai rencontré un ami. Je me suis arrêté, nous avons bavardé un peu et plaisanté » nous dit-il.

Soudain, une voiture de police s’arrête et braque ses phares sur les deux personnes. Les policiers s’arrêtent, descendent et de dirigent vers les deux jeunes gens pour les interroger sur ce qu’ils faisaient.

« Les accusations ont tout de suite commencé, nous ne faisions rien de mal » raconte-t-il.

L’un des policiers lui adresse « ça se voit que tu es homo, ta coupe de cheveux le montre »…

Après un interrogatoire musclé (coups, insultes et menaces), les deux personnes ont passé la nuit dans la geôle du district de Sousse, avant d’être transférés le lendemain dans un autre poste de police pour un nouvel interrogatoire.
« Nous avons été obligés de signer le procès verbal qui nous a été imposé » raconte A.

Arrêté mercredi, A a été emmené vendredi à l’hôpital Frahad Hached à Sousse pour subir le test anal. « C’est vrai que le médecin légiste m’a dit que je pouvais refuser, mais il m’a aussi fait comprendre que si je refusais, j’allais être automatiquement inculpé ».

« Les policiers étaient à la porte, ils n’ont pas attendu le rapport, ils ont tout de suite commencé à poser des questions au médecin qui leur a dit que le test était négatif » ajoute A.

Ce test il nous dit l’avoir vécu comme une « honte » un « scandale » avoir « été touché dans des endroits intimes » de son corps. « Je n’aurais jamais accepté si j’avais le choix » conclut-il sur une note triste.

Subir le regard de la société, cacher ses misères aux parents et se faire humilier est le quotidien de beaucoup de personnes homosexuelles en Tunisie, mais jusqu’à quand ?

Aujourd'hui A et son ami attendent de comparaitre en janvier devant le juge, même si le test anal a été négatif...

Constitution Tunisienne : 

Article 21 
Les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et en devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination.
L’État garantit aux citoyens les libertés et les droits individuels et collectifs. Il veille à leur assurer les conditions d’une vie digne.

Article 23
L’État protège la dignité de la personne et son intégrité physique, et interdit toute forme de torture morale et physique. Le crime de torture est imprescriptible.

Code pénal Tunisien :

Article 230
La sodomie, si elle ne rentre dans aucun des cas prévus aux articles précédents, est
punie de l'emprisonnement pendant trois ans.


 


Hajer Boujemâa

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