Publié le 06-03-2018

Le Maroc n'est pas la Tunisie

Nous avons reçu cet article de Ignacio Cembrero, un vétéran journaliste espagnol dont la trajectoire oscille entre l’Europe et ses voisins d’Afrique du Nord.



Le Maroc n'est pas la Tunisie

 Les élections marocaines se déroulent un mois après les tunisiennes, mais elles n’ont pas grand chose en commun

 

Les élections marocaines se déroulent un mois après les tunisiennes, mais elles n’ont pas grand chose en commun


Après les premières élections démocratiques en Tunisie, le 23 octobre, le Maroc va voter à son tour. Les élections législatives marocaines du vendredi 25 novembre seront les premières après l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, approuvée le 1 juillet, et qui, entre autres, octroie davantage de pouvoirs au premier ministre. Une partie de la presse marocaine et certaines formations politiques ont établi un parallélisme entre les deux rendez-vous avec les urnes. La Maroc n’est cependant pas la Tunisie. Les modalités de participation, du déroulement et la transparence des élections restent fort différentes. Comparons-les.


Qui organise les élections?

En Tunisie le Ministère de l’Intérieur n’inspirait pas confiance aux victimes de l’opposition à Ben Ali. Ce fut un organisme indépendant, l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE), qui se chargea de les organiser. Au Maroc c’est le Ministère de l’Intérieur, souvent accusé, du temps du ministre Driss Basri (1979-1999), de manipuler les résultats qui assumera la tâche. Son rôle est aujourd’hui moins contesté qu’il y a quelques années.

Quels partis sont interdits ou ne peuvent se présenter?

En Tunisie plusieurs petits partis islamistes radicaux nouvellement créés n’ont pas été légalisés, comme le Parti de la Libération Islamique (Hizb Attahrir), le Parti du Travail et de la Reforme (Hizb el Amal wa al Islah). Ils n’ont pu donc se présenter. Au Maroc c’est le grand mouvement islamiste soufi Justice et Spiritualité (Al adl Wal Ihsane), fondé en 1973, qui n’est pas légalisé et qui ne concourt donc pas aux élections. Il y a eu, à plusieurs reprises, des contacts entre l’Intérieur et des responsables de ce mouvement en vue de le légaliser, mais leur refus de reconnaître le Roi comme Commandeur des Croyants a fait échouer le dialogue. John Entelis, professeur à l’Université Fordham de New York, considère que c’est le mouvement marocain avec la plus grande capacité de mobilisation.

Qui boycotte les élections?

En Tunisie aucun parti légal n’a boycotté les élections. Au Maroc plusieurs partis légaux de gauche (PADS, PSU, Voie Démocratique) boycottent les élections. Certains d’entre eux avaient une petite représentation dans le Parlement dissout. Justice et Spiritualité et les jeunes du Mouvement du 20 Février, qui organisent des manifestations depuis neuf mois, appellent aussi au boycott.

Suite sur le Blog d'El Pais


Ignacio Cembrero / El Pais

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