2018-03-06 نشرت في

« Rajel Wa Mra » fait la comédie

Rajel Wa Mra a suscité l’intérêt d’un grand nombre de personnes présentes, samedi 27 février au Théâtre Municipal pour assister à la pièce dans le cadre de Tunis fait sa comédie. Certains sont venus par nostalgie, d’autres par curiosité, mais tous étaient à la recherche d'un théâtre de qualité.



« Rajel Wa Mra » fait la comédie

"Rajel Wa Mra" a suscité l’intérêt d’un grand nombre de personnes présentes, samedi 27 février au Théâtre Municipal pour assister à la pièce dans le cadre de "Tunis fait sa comédie". Certains sont venus par nostalgie, d’autres par curiosité mais tous étaient à la recherche d'un théâtre de qualité. Ecrite et mise en scène par Mohamed Driss, la pièce a décroché plusieurs prix, il y a quinze ans, en Tunisie, et ailleurs.

 

A l’initiative de "Yallil Production", organisateur de « Tunis fait sa comédie », Mohamed Driss, l’un des pionniers du théâtre tunisien, nous a présenté, Rajel Wa Mra, une de ses pièces les plus réussies. La pièce raconte l’éternelle histoire d’un couple qui ne trouve aucune issue pour réanimer le corps malade de leur relation. Avec beaucoup d’humour et de légèreté, la pièce est attirante par son rythme, ses anecdotes, sa musique et l’originalité de ses personnages.

 

Un voile a divisé la scène en deux dans un jeu de transparence qui sépare le dit et le non-dit, le réel et l’imaginaire, le sérieux et l’absurde, les comédiens ont fait le va et vient entre humour, dérision et drame. Ils ont touché de plus près chaque "Rajel" et "Mra", au fond de nous mêmes.

 

Trois comédiens de grand calibre sont sur scène, Jamel Madani, Slah M’assaddek et Béchir Ghariani ont joué comme s’ils n’avaient jamais abandonné la pièce. Une bonne maîtrise du texte et de la gestuelle. Pas facile de bouger, danser et clamer des tirades rimées, après le facile de « Action/ coupé » de la télévision. En effet, Jamel Madani et Slah M’ssaddek ont fait preuve de professionnalisme et d’amour pour le théâtre. Eux, qui doivent leur popularité à la télévision, se soucient toujours de leur projet théâtral en tant que comédiens.    

 

Mais la plus belle surprise de la pièce est sans doute, le personnage féminin joué par Béchir Ghariani. Avec finesse réelle et spontanée, le comédien s’est parfaitement faufilé dans la peau d’une femme sans exagération aucune. Plus important que la gestuelle, la voix et les costumes, Béchir a fidèlement transmis les soucis et rêves de la femme. Plusieurs n’ont pas compris qu’il s’agissait d’un homme déguisé en femme… une preuve de la réussite du comédien.    

Même si son sujet est d’extrême actualité, "Rajel Wa Mra" fait partie d’une époque révolue. De part sa mise en scène ainsi que son dialogue, la pièce utilise une langue qui n’est plus commune. En fait, les comédiens parlent un langage ancien et parfois poétique. Grosso modo « zemni » comme on le dit en dialecte tunisien. Les costumes ainsi que les personnages ont accentué cette ambiance avec leurs habits traditionnels et leurs comportements et croyances  rurales.

Cependant, malgré l’usure du temps, le fond de chaque discours a gardé sa pertinence. Qu’on soit en 2010 ou en 1995, à Tunis ou à Tataouine, l’homme et la femme ont toujours les mêmes soucis, malentendus et rêves. Chacun d’eux,  fuit involontairement  sa solitude et sa misère par le mariage, se trouvant en fin de compte face à une grande déception.

 

Dans un triangle classique, une tierce personne, intermédiaire (Jamel Madani) nous a aidé à décortiquer la relation complexe du couple. Lui, responsable de leur rencontre et de leur mariage, a trouvé son compte de lassitude de cette nature humaine contradictoire. Il finit par les abandonner après plusieurs tentatives échouées de réconciliation.

 

"Rajel Wa Mra" est ancrée dans une vision à double facette. La première est parfaitement locale, avec tous les détails de la localité. La deuxième est mondiale en s’inspirant de l’Extrême Orient, puisqu’elle utilise les matériaux du Nô japonais. Cette vision a caractérisé plusieurs oeuvres de Mohamed Driss, un metteur en scène qui marque, depuis des années, le théâtre tunisien.

Henda


في نفس السياق