Publié le 06-03-2018

Hollande exige la libération de deux journalistes portés disparus en Syrie

Deux journalistes français travaillant pour la radio Europe 1 sont portés disparus en Syrie depuis jeudi, 6 juin, et le président François Hollande a appelé vendredi à leur libération immédiate.



Hollande exige la libération de deux journalistes portés disparus en Syrie

Leur disparition, survenue alors qu'ils faisaient route vers Alep, dans le nord du pays, a été rendue publique par M. Hollande depuis Tokyo où il effectue une visite d'Etat.

"Je demande que ces journalistes soient immédiatement libérés", a déclaré le président. Ils "ne sont pas les représentants de quelque Etat que ce soit, ce sont des hommes qui travaillent pour que le monde puisse recevoir des informations", a-t-il fait valoir.

La disparition des deux journalistes, qui venaient d'arriver en Syrie, a été rapidement confirmée par Europe 1, qui a indiqué vendredi être sans nouvelles d'eux depuis jeudi matin alors qu'ils faisaient route vers Alep.

Selon l'Elysée, ils ont été interceptés à un checkpoint. "Ils ont disparu, il faut faire attention, on ne sait pas qui les a pris, ce sont parfois des groupes d'opposition", soulignait-on dans l'entourage du président.

"Il ne faut écarter aucune hypothèse. Celle de l'enlèvement est plausible", a commenté le ministère français des Affaires étrangères. Les autorités françaises n'ont "pas d'information sur qui et pourquoi", a précisé le porte-parole du ministère, Philippe Lalliot.

L'armée syrienne a lancé depuis quelques jours une offensive dans le nord du pays, où la quasi-totalité de la campagne autour d'Alep est aux mains de la rébellion.

Les deux journalistes sont Didier François, 53 ans, un reporter expérimenté qui a couvert de nombreux conflits, notamment au Proche-Orient et en Afrique, et Edouard Elias, 22 ans, qui a déjà effectué de nombreux reportages dans des zones de conflit malgré son jeune âge. Il a fourni à plusieurs reprises à l'AFP des clichés pris dans le nord de la Syrie, à Azaz et Alep, en janvier et février.

La radio a indiqué être en contact permanent avec les autorités françaises, mais la France n'a plus de représentation diplomatique en Syrie où ses intérêts sont représentés par la Roumanie.

François Hollande a souligné que les deux hommes devaient être "traités comme des journalistes et en aucune façon comme des éléments sur lesquels (on ferait) peser une menace pour agir au détriment d'un Etat". "La presse doit pouvoir circuler en Syrie pour donner les informations qui sont attendues dans le monde entier" sur ce qui s'y passe, a insisté le président français.

Plusieurs journalistes étrangers disparus

Parmi les autres journalistes étrangers actuellement portés disparus en Syrie figure l'Américain James Foley, 39 ans, un reporter de guerre expérimenté enlevé fin novembre dans le nord du pays. James Foley avait fourni des reportages vidéo sur la guerre en Syrie à l'AFP.

Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé dans une interview à la mi-mai à des médias argentins n'avoir "aucune information" sur son sort.

Un autre journaliste, l'Italien Domenico Quirico, du quotidien La Stampa, a disparu le 9 avril mais il "est vivant et en Syrie", a annoncé mercredi le directeur de son journal.

La Syrie est en proie à un conflit, déclenché en mars 2011 par une révolte pacifique qui s'est transformée en un conflit armé face à la répression menée par le régime de Bachar al-Assad. Le conflit a fait plus de 94.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans un rapport intitulé "Tirer sur le messager: les journalistes sont visés par toutes les parties en Syrie", publié début mai, l'organisation Amnesty International notait que "les abus commis tant par les autorités syriennes que par les groupes armés d'opposition, font de la Syrie un pays très dangereux pour les journalistes qui y travaillent".

24 journalistes ont trouvé la mort depuis le début de la révolte en 15 mars 2011, selon un décompte établi par l'AFP et Reporters sans frontières (RSF). La grande majorité sont Syriens. On compte aussi quatre Français, une Américaine, une Japonaise, un Irakien. Par ailleurs sept sont portés disparus ou ont été enlevés, selon RSF qui a réclamé vendredi dans un communiqué la libération des deux Français.

On dénombre également au moins une cinquantaine de morts parmi les centaines de "citoyens journalistes" qui, face aux restrictions imposées par le régime à la presse professionnelle, se sont armés de caméras pour témoigner de la situation dans leur pays.


AFP

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