Publié le 06-03-2018

Si les enfants se mettent à se suicider en Tunisie, alors le pays va mal

Dans le pays qui a connu un soulèvement populaire pour la justice sociale, il reste beaucoup à faire en matière de justice et de dignité.



Si les enfants se mettent à se suicider en Tunisie, alors le pays va mal

Après le phénomène d’immolation qui a fait des ravages en Tunisie, signe de malaise social, voici maintenant le suicide des jeunes enfants qui se fait remarquer, avec au moins deux cas enregistrés au cours de ces dernières semaines. (la délégation à la protection de l’enfance a rapporté plus d’une dizaine de cas qui se sont produits dernièrement).

Chiraz Ghallebi est une fillette de 12 ans qui comme tous les enfants de son âge allait à l’école et qui comme tous les enfants de son âge aurait dû avoir des tracas quotidiens qui se rapporteraient à ses devoirs, à ses amis mais qui à la place a eu des soucis qu’elle a jugés insurmontables, préférant se pendre à un amandier et mettre ainsi fin à ses jours.

Laissant des parents en pleurs avec en guise d’adieu (ou d’appel au secours) une lettre écrite tant bien que mal où elle a expliqué les raisons de son suicide parlant de « souffrances » endurées dans le foyer où elle logeait durant les jours d’école, Chiraz est partie.

En effet, à El Alâa, 15 km séparent le lieu d’habitation de certains enfants de leur école. 15 km de route impraticable en hiver, 15 km jonchés de dangers, surtout après le coucher du soleil (risque d’attaques par des animaux sauvages, etc.).

Les moyens de transport faisant défaut, la région étant mal desservie par les transports en commun et ne disposant pas du minimum requis d’infrastructure, les parents ont opté pour le foyer où les enfants mangent, font leurs devoirs et dorment. Mais, les conditions de cet établissement et les conditions générales ont poussé plus d’un enfant à abandonner ses études.

« La semaine dernière un autre lycéen a menacé sa mère de suicide si elle ne le retire pas du foyer » déclarait hier la maman de Chiraz dans l’émission Andi Ma Nkollek.

« Elle était brillante et n’a jamais redoublé jusqu’à son entrée au lycée » confie sa mère en larmes lors de l’émission.

Chiraz ainsi que beaucoup d’autres enfants ont dénoncé plus d’une fois les conditions précaires du foyer, la mauvaise nourriture et le mauvais traitement mais les parents impuissants n’avaient d’autres alternatives : le foyer ou l’abandon.

Le drame qui s’est produit le 17 novembre dernier à El Alâa, a levé encore une fois le voile sur ce visage de la Tunisie que beaucoup oublient ou ne veulent pas voir. Un visage de cette Tunisie rythmée par une période électorale où les promesses de développement fusent pour une partie du peuple qui jusqu’aujourd’hui a été privée de justice sociale, de droit, de dignité… Des promesses comme il y en a eu 3 ans en arrière, comme il y en aura lors de chaque campagne électorale, mais les résultats se font attendre et entre temps, des enfants se suicident.

Une enquête a déjà été ouverte, elle devra révéler les conditions et les raisons de ce suicide, mais également s'arrêter sur la nature du mauvais traitement que la petite fille a, à maintes reprises dénoncé, avant de mettre fin à ses jours.

Crédit-Photos : Captures 'Andi ma nkollek"


H.B.
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