Publié le 06-03-2018

La Directrice de campagne d'Ahmed Néjib Chebbi : malgré ses 50 années de militantisme le résultat est sévère

Zeineb Turki, directrice de campagne du candidat Ahmed Néjib Chebbi revient sur les résultats officiels de l’ISIE.



La Directrice de campagne d'Ahmed Néjib Chebbi : malgré ses 50 années de militantisme le résultat est sévère

L’ISIE vient d'annoncer les résultats préliminaires. C'est donc officiel : nous aurons un deuxième tour qui opposera Béji Caïd-Essebsi et Moncef Marzouki.

En tant que citoyenne libre je suis fière d'avoir pu voter dimanche en mon âme et conscience sans peur ni contrainte dans un pays qui continue à relever le défi de la transition pacifique et de la stabilité sécuritaire. Je suis fière aussi de voir qu'il y aura un second tour pour départager les candidats ce qui est un signe de bonne santé démocratique tout comme le fait que l'écart soit moins important que prévu. Cela donnera une belle et vraie campagne au second tour digne d'une démocratie en construction en espérant que les deux candidats et leurs soutiens soient à la hauteur de cette période historique et respectent les règles basiques de respect mutuel et de respect des électeurs, de leur liberté de choix quelle qu'elle soit et de l'expression de ce droit citoyen qui est celui de choisir et de voter librement en son âme et conscience.

Mon candidat n'est pas au second tour et malgré ses 50 années de militantisme et d'abnégation le résultat (7ème avec 1% des voix exprimées) est sévère et je l'accueille avec sérénité en comptant sur les semaines qui viennent pour me permettre d'avoir assez de recul et de distance pour tirer les leçons de ce verdict et faire mon propre bilan.

Malgré tout cela je n'ai pas d'amertume aujourd'hui car à mon âge j'ai vécu une expérience incroyable, que je ne pensais pas possible il y a encore quatre ans.

Durant cette campagne j'ai travaillé aux côtés d'un homme de conviction , un homme droit et patriote, un homme d'honneur, mais aussi (et même si sa pudeur l'empêchait de le montrer dans les médias) un homme ayant un grand sens de l'humour. Je suis fière d'avoir dirigé sa campagne en dépit des résultats.
Il y a aussi cette équipe jeune et dynamique qui a travaillé dans des conditions difficiles et qui m'a fait vivre des moments inoubliables d'émotions, de partage et de vérité. La nouvelle génération sera un acteur principal de la prochaine étape autant dans la société civile que dans le paysage politique.

J'ai connu des gens magnifiques, fait le tour du pays, cońnu en profondeur la Tunisie citadine autant que la Tunisie rurale et c'est une formidable leçon de vie. J'ai côtoyé des gens de tous milieux et tous bords qui m'ont beaucoup appris, qui m'ont permise de relativiser mes certitudes, d'envisager différents points de vue et de découvrir encore plus ce pays dans toute sa splendeur et sa complexité mais aussi dans ses paradoxes, ses non-dits, ses difficultés et ses disparités.
Comment ne pas faire preuve d'humilité en voyant des gens qui se battent au quotidien pour survivre mais qui continuent de garder la foi en leur avenir. Comment ne pas s'incliner devant les gens qui continuent malgré les difficultés de s'impliquer au niveau de la société civile locale ou à défendre leurs projets de travail en dépit de tous les obstacles ? Sans sentimentalisme exagéré ni romantisme je réaffirme ma fierté d'avoir eu la chance de faire partie de cette formidable expérience d'apprentissage de la démocratie que nous sommes en train de vivre.

Maintenant que ma mission est finie, je prendrai le temps de réfléchir à de nouveaux projets, à de nouveaux challenges et à de nouvelles expériences toujours en accord avec mes valeurs et mes convictions afin d'apporter ma petite contribution à la reconstruction de mon pays.

De grands défis attendent la Tunisie tant sur le plan économique que sécuritaire mais aussi sur le plan de l'indépendance de la justice, de la mise en place et de la pérennité des instances constitutionnelles et de la séparation des pouvoirs. Mais le défi majeur reste avant tout de sauvegarder cette jeune démocratie encore fragile et de poursuivre le chemin que nous avons entamé en balisant le pays contre le risque (bien existant) de retour en arrière.

Le défi à très court terme reste tout de même d'avoir un second tour qui se passe dans de bonnes conditions de respect mutuel entre les deux concurrents sans haine ni échanges violents.

In fine cela ne dépend que de nous tous, chacun à sa manière et avec ses propres convictions, de continuer à nourrir et à développer le modèle qui est devenu : L'exception tunisienne.


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