Publié le 06-03-2018

Interview avec Taoufik Jebali



Interview avec Taoufik Jebali

Directeur artistique du premier espace culturel privé en Tunisie -El Teatro- Taoufik Jebali est comédien, auteur dramatique et metteur en scène. Grâce à ses saynètes et ses pièces de théâtres distinguées, il jouit d’une notoriété nationale et internationale. Nous l’avons rencontré pour découvrir l’avis de cet artiste charismatique et sympathique à propos de certaines questions. Interview.

Quelles sont les expériences théâtrales qui vous ont marqué le plus ?

C’est difficile de choisir. En fait, j’ai passé par plusieurs expériences et moments forts au cours de ma carrière. Ce qui me marque le plus est le moment théâtrale qui fait la rupture. Je prends l’exemple de la pièce « Fhemt Ella » qui m’a fait sentir ce désengagement et cette nouveauté qui me plaît. Les moments forts au théâtre sont, pour moi, ceux qui me permettent de sortir du commun, de rejeter  complètement tout ce qui est conventionnel  et d’aller en dehors de mon entourage. Cela je l’ai caressé surtout avec « les palestiniens », « le fou », « contre X » et « Fhemt Ella ».
 
Ces pièces qui sont intéressantes mais que la nouvelle génération n’a pas vu. Pourquoi nous ne pouvons pas les voir à la Télévision ?

Personnellement je suis partant. Nous fournissons, effectivement, des films dédiés à la télévision nationale depuis des années. Je peux vous assurer que la TV possède toutes nos pièces ce qui est l’équivalent de 20 heures de projection. Donc, reste à la direction de la chaine nationale de voir si parmi ses 24 heures d’émission, elle pouvait éventuellement passer l’une de nos anciennes pièces.

Dans ce cas, pourquoi vous ne pensez pas à projeter les films de ces pièces à El Teatro ?

Oui, c’est possible de le faire mais nous ne devons pas oublier que le théâtre garde le charme par son aspect éphémère. Il n’empêche que je suis en train de travailler sur des petites reprises de quelques pièces telles « le fou » ou « la mémoire d’un dinosaure ». Cela permet, comme vous le dites, d’exploiter mes expériences antécédentes dans un nouveau cadre. 

Et le cinéma ? Après l’expérience de « Aziza » et de « Halfaouin », vous ne pensez pas retrouver le charme du 7ème art ?

Je ne pense pas. Franchement, je ne vois plus de vrais projets de cinéastes qui peuvent m’encourager à refaire l’expérience. En plus, j’ai juste travaillé avec des réalisateurs qui ne m’ont pas considéré comme un partenaire. J’étais, dans ce cadre, le « technicien de parole » qui comble leur incompétence en écriture dramaturgique.

Toutefois, si je trouve une bonne proposition, je ne renoncerais pas. Mais ce qui se présente aujourd’hui ne dépasse pas les quelques projets commerciaux loin de tout aspect artistique. D’après moi, Les cinéastes, en Tunisie, sont des faiseurs de films et non pas des réalisateurs.     

Et pourquoi vous ne faite pas votre cinéma vous-même ?

Je n’ai pas le langage adéquat pour le faire. Je suis un homme de théâtre et non pas un cinéaste. Ce que je regrette le plus en cinéma tunisien est ce manque d’inspiration. Pour moi, il suffit de prendre un appareil numérique et de filmer avec ses petits moyens mais filmer est dire quelque chose de pertinent. Malheureusement, nos « faiseurs de film » ne pensent qu’à l’argent et freinent avec leurs  autocensures. Et pour ces raisons, je ne veux pas entrer dans ce cercle.


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