Publié le 06-03-2018

Raja Chebbi : La plume de la révolte



Raja Chebbi : La plume de la révolte

Le quotidien: publié le 08/04/09

Dans un recueil de poèmes "Les torts de la Raison", sorti il y a une dizaine d’années,
Raja Chebbi diverse une encre essentielle dans l’écriture féminine.
La verve poétique de Raja Chebbi est intarissable. Etant une parente de l’aède tunisien Chebbi, la poésie, chez elle, serait une histoire de famille élargie du côté de Chebbia, dans de vastes îlots de végétations où l’eau coule de source généreuse et sans souci. Tout comme la poésie qui coule dans les gènes de Raja. Même si elle est aujourd’hui dans la fonction publique et que des obligations familiales l’ont toujours empêchée  d’écrire, Raja s’est toujours passionnée pour la poésie. Elle y met toute son âme. Dans ses poèmes qu’on assimile à des élans de révolte, elle nous parle amour, tendresse, du moins en apparence, pour clamer haut et fort son statut de femme rebelle. Elle se dresse contre l’ordre établi, contre les infâmes de ce monde qui ne font que miner le chemin des uns et des autres.
Juste des cris. Des mots qui se rebiffent pour refuser l’insoutenable, qui s’insurgent et qui en disent long sur  l’envie de la poétesse de liberté, d’enfance et de paix. Et à tout coup, elle nous touche au plus profond de nous-mêmes. Dans un poème titré liberté, elle écrit :
"Dans une rue lointaine
Déserte, noire et sans nom
J’ai déchargé ma peine
Aux bras de l’abandon
Et j’ai saisi au vol
Le courage et l’oubli
Laissant cloués au sol
Des regrets qui supplient
Et mon désir pour toi
M’a fait pousser des ailes
Et survolant les toits
Tout comme une hirondelle
Je sillonne les cieux
Depuis des années
Et rien que pour tes yeux
Je me sens destinée
Et depuis je plane
Décollant de ce monde
Et de ma plume émanent
Des pensées vagabondes
Grâce à elles, je domine
Un univers perfide
L’altitude me fascine
Et me noie dans le vide"
Il suffit de voyager entre les arcanes de son écrit pour rencontrer cette femme, cette créatrice de séquences imagées qui nous racontent "le mal de vivre" et "les malheurs de la vie" qu’elle refuse à tout coup. Au sens de la citation d’Alain qui disait, "L’individu qui pense contre la société qui dort, voilà l’histoire éternelle et le printemps aura toujours le même hiver à vaincre".
Dans son nouveau recueil de poèmes qui attend d’être publié, Raja Chebbi continue à écrire dans cette saine fureur qui tente de réveiller  de sa longue léthargie un monde qui sommeille. Un monde qui semble s’essouffler, car gagné par la lassitude et dépassé par l’ampleur de ses problèmes. Elle s’essaye aussi à l’écriture dans la langue arabe, même si elle a plus de facilité dans la langue de Molière. Une fois de plus, la poétesse, qu’on ne se lasse de lire, vient  nous réchauffer le cœur et échauffer le sang des jeunes générations. En mal d’émerveillement.



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