Publié le 06-03-2018

Lumières sur les dessins cachés d’un grand peintre



Lumières sur les dessins cachés d’un grand peintre

La presse : Publié le 08/05/09
À partir de cet après-midi, hommage à Noureddine Khayachi au palais Essaâda, La Marsa

• L’association de sauvegarde de la ville de La Marsa, en collaboration avec la municipalité de La Marsa et avec le précieux concours de Tej El Molk Khayachi Ghorbal, organise cet après-midi, à partir de 16h00, au palais Essaâda, une exposition-hommage à Noureddine Khayachi. L’exposition, qui révèle le talent d’un dessinateur confirmé, dure jusqu'à dimanche. A ne pas rater.

Il a fallu que ces trois femmes se rencontrent pour créer l’évènement : monter une exposition-hommage à l’un des monstres sacrés de la peinture tunisienne, Noureddine Khayachi (1917-1987).
Tout d’abord, Radhia Ben Mrad, urbaniste, petite- fille du fondateur du café Saf Saf et présidente de l’Association de sauvegarde de la ville de La Marsa. La dame a ressuscité pendant l’automne dernier la Halkat El Aneb (la tournée du raisin). Cette fête, joyeuse et populaire  qui, jusqu’au début des années 70, célébrait à La Marsa la fin de la saison estivale. Ensuite, Tej El Molk Khayachi Ghorbal, fille de feu Noureddine Khayachi, farouche défenseur de la mémoire de son père. Elle retrouve chez Radhia Ben Mrad la même passion pour cette cité balnéaire depuis les rois hafsides que celle qui animait N. Khayachi, dont beaucoup de toiles racontent de pittoresques scènes de rue : le Saf Saf, la Halkat El Aneb, les pêcheurs, Kobbet el hawa...

La troisième femme, Faouzia Séhli, rend concret le projet qui commence à mijoter dans la tête de la présidente de l’ASVM et de l’héritière du peintre. Faouzia a eu le privilège, dans les années 70, de faire partie de la classe qu’animait Khayachi, alors professeur de dessin au lycée Alaoui. “ Le Maître ”, comme elle l’appelle affectueusement, lui a transmis l’amour des arts plastiques. Cette sensibilité qu’elle a acquise très jeune pendant les cours de dessin lui a quelque part permis de poursuivre sa mission auprès du ministère de la Culture en tant que présidente de la Commission d’achats des œuvres d’art durant une dizaine d’années.

 L’ancienne élève de Khayachi est aujourd’hui le commissaire d’une exposition qui le remet sous les lumières et présente une trentaine d’œuvres inédites, faisant partie d’une collection privée, jamais vues auparavant par le public. On y découvrira Khayachi dessinateur de grand talent, au trait sûr, dépouillé et subtil. Ses dessins, qui datent de sa période florissante à l’Académie des Beaux-Arts de Rome, rappellent ici le cubisme d’un Picasso, là la spontanéité enfantine d’un Matisse, plus loin la rigueur d’un classicisme codé jusqu’au moindre détail. Beaucoup de nus émaillent cette partie cachée de l’œuvre de Khayachi. Est-ce par pudeur qu’il n’a jamais osé les accrocher sur les cimaises d’une galerie de son vivant ? Ou pour se protéger du courroux d’une société traditionaliste (ces dessins ont été réalisés entre les années 50 et les années 60)  qui ne pouvait comprendre la passion d’un créateur pour l’art de l’esquisse?

 Alors il a préféré “ habiller la femme en peinture pour la déshabiller en dessin ”, lit-on dans le prologue de  Noureddine Khayachi, le trait et le portrait, le beau livre récemment publié sur le peintre et cosigné par Tej El Molk Khayachi Ghorbal et le critique d’art Mustapha Chelbi.
“ L’art du dessin permet de mieux appréhender les mystères de la peinture ”, expliquait Khayachi lui-même.
Une salle entière sera consacrée aux œuvres dessinées, qui jouent beaucoup sur le vide par rapport à ses peintures, ces structures du plein. Le clou de l’exposition sera probablement l’esquisse de l’emblème de la Tunisie indépendante créé par Khayachi en 1956. Dans la salle centrale, des peintures célébrant le patrimoine social et culturel de la Tunisie seront exposées.
“ Autant le tableau oblige au respect des lois de compositions, des tons et des valeurs, autant le dessin offre davantage de disponibilité au délire de la création. Une création qui va de pair avec la récréation ”, note Mustapha Chelbi dans l’ouvrage qui sera présenté au palais Essaâda à La Marsa par Hatem Bourial et Mustapha Attia cet après-midi à 16h00, à la suite du vernissage de l’exposition. Des témoignages et un récital de musique suivront.
Une exposition-évènement placée sous le patronage du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine.
Courez-y, elle ne dure que trois jours !
 


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